3868. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 13 septembre 1749.
Autant que j'ai compris par tous les avis secrets qui me sont parvenus par de bons canaux, la cour où vous êtes n'a nulle envie de faire présentement quelque démarche d'éclat en faveur de la Russie, à moins que la Suède ne fasse effectivement quelque changement dans la forme présente de son gouvernement. Quoi qu'il en soit, ce que vous me marquez dans votre dépêche du 3 de ce mois, me confirme de plus en plus qu'il n'y a que duplicité et mauvaise volonté qui règnent dans tous les procédés de la cour de Vienne; aussi, pour en faire convenir le sieur Blondel, vous lui ferez observer que toutes les fois que cette cour parle aux Français, elle affecte de relever son impuissance à se mêler de nouvelles troubles et l'impossibilité où ses arrangements domestiques la mettent de rien entreprendre, au lieu que, quand elle fait parler aux Anglais, elle ne fait que prôner ses nouveaux arrangements qui, à ce qu'elle déclare, la doivent mettre en état de ne plus être tant à charge à ses alliés et de les assister bien plus efficacement que par le temps passé. Ce qui est cependant une contradiction formelle.
Au surplus, j'approuve fort la façon dont vous vous conduisez maintenant avec le sieur Blondel; très sensée qu'elle est, vous ferez bien d'y continuer. Je me suis aperçu ici qu'il faut que le chancelier Ulfeld soit extrêmement piqué contre vous;92-1 j'en ai des preuves assez claires. Mais que cela ne vous embarrasse en aucune manière, puisque je sais trop à quoi me tenir là-dessus. Quand celui-ci a dit au sieut Blondel qu'il devrait être fort douloureux à sa souveraine de voir de jour en jour se multiplier les engagements entre la France et moi, le sieur Blondel aurait dû naturellement réfléchir d'abord qu'il faudrait bien que la cour de Vienne eût des raisons cachées pourquoi elle était aussi piquée de voir régner la bonne intelligence entre la France et moi, et qu'en conséquence les intérêts de la France, autant que les mien? demanderaient de rester bien unis ensemble. Mais comme je juge le sieur de Blondel autant imbécile que dangereux, le meilleur pourra être toujours de n'en toucher rien envers lui et de vous tenir bien sur vos gardes à son égard.
Federic.
Nach dem Concept.
<93>92-1 Vergl. Bd. V, 579; VI, 534.