3870. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Potsdam, 13 septembre 1749.
Je suis assez content de la dernière conversation que vous avez eue encore avec le marquis de Puyzieulx, selon le rapport que vous m'en avez fait du 1er de ce mois. Pour ce qui regarde cependant ce qu'il vous a touché relativement à mes ministres dans les cours étrangères, vous lui direz que je les envisageais comme des sentinelles qui doivent m'avertir des mauvais desseins que mes voisins brassent contre moi, et que, dans cette supposition-là, M. de Puyzieulx savait bien qu'on aimait plutôt à une sentinelle d'avoir donné une fausse alarme que d'avoir manqué de vigilance et de s'être laissé surprendre. Que d'ailleurs lui, le marquis de Puyzieulx, pouvait sûrement compter que, quoique je serais bien fâché de voir éclore un nouveau feu de guerre, et quelques soins que je me donnasse, autant que mes forces me le permettraient, pour empêcher qu'une nouvelle guerre ne fût suscitée, malgré tout cela je ne faisais point apercevoir de l'inquiétude, et qu'au surplus M. de Puyzieulx n'ignorait pas que, quand on m'accusait d'une chose, ce n'était pas de la timidité qu'on m'imputait, mais qu'on me peignait plutôt comme un homme plus remuant que je ne l'étais effectivement.
Comme la cour de France est déjà informée que le ministre de Russie à Stockholm, le sieur Panin, est sur le point de faire de la part<95> de sa cour la déclaration dont on a tant parlé, nous sommes à présent dans l'attente d'apprendre à la fin les vraies intentions de la Russie à l'égard de la Suède, et si les bons offices de la France et de ses amis pourront composer la querelle ou non.
En attendant, je compte pour un grand avantage que la Suède et moi ayons gagné au moins cette année-ci sans avoir été enveloppés dans des troubles.
Federic.
Nach dem Concept.