3950. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 28 octobre 1749.

Vous avez sagement fait de ne rien communiquer au baron de Beckers de tout ce que je vous ai fait marquer concernant les sentiments du ministère de France touchant l'affaire des investitures150-2 des Princes de l'Empire.

La grande sécurité où la cour de Vienne paraît être à l'égard de la Porte Ottomane, lui pourra être fort nuisible. Je conviens avec vous que ladite cour est assez bien au fait par rapport aux affaires de la Turquie. Cependant, il m'a paru fort singulier que depuis quelques jours presque toutes les gazettes annoncent hautement des armements, en ce qu'elle faisait de grands amas de vivres dans ses forteresses<151> frontières, et particulièrement dans celles le plus voisines de la Russie, et qu'elle faisait revenir en Europe la plupart des troupes de celles qu'elle avait eues aux frontières de la Perse, pour les mettre en quartiers le long de la Mer noire. Comme ma curiosité est de savoir si ce que les gazettes annoncent là-dessus, a quelque fondement, et que je sais bien qu'il serait bien mal aisé à vous d'en apprendre quelque chose avec certitude là où vous êtes, étant connu que la cour de Vienne ne laisse rien transpirer des nouvelles qu'elle reçoit de la Turquie, sinon ce qu'elle trouve de sa convenance, la meilleure voie pour vous orienter là-dessus serait peut-être de vous adresser au ministre de Venise et, sans marquer quelque empressement ni faire remarquer trop de curiosité, le mettre adroitement et par manière de conversation sur le chapitre des nouvelles de Turquie, afin de vous mettre de cette façon-ci en état de m'en pouvoir mander quelque chose de certain à cet égard.

Federic.

Nach dem Concept.



150-2 Vergl. S. 130.