3954. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.
Potsdam, 1er novembre 1749.
J'ai reçu votre dépêche du 22 d'octobre passé. Autant que je vois par les arrangements que la cour où vous êtes fait parmi ses troupes, l'on tâche de redresser du mieux plusieurs abus et désordres qui y ont<153> autrefois re'gné et de les mettre sur un pied de guerre, ce qui ne peut que réveiller l'attention de leurs voisins, afin de faire la même chose. Je ne comprends pas ce que la cour de Vienne aurait pu gagner par ses intrigues en Suède et à quel but elle aurait voulu s'y former un parti, et, quant aux avis que le colonel Mejerhielm153-1 fournit de beaucoup de dissension et mésintelligence en Suède, vous pouvez compter qu'ils sont absolument frivoles et controuvés.
Je ne puis gagner sur moi de croire juste le calcul du baron Beckers au sujet des revenus actuels de l'Impératrice-Reine. J'ai été assez exactement informé que tout ce que feu l'empereur Charles VI a eu de la totalité des pays qu'il possédait avant les fâcheuses guerres qu'il fallait soutenir après en Hongrie et en Italie, et quand ses provinces étaient dans l'état le plus florissant, n'est monté qu'à vingt-quatre millions d'écus.153-2 Décomptez à présent les provinces considérables qu'il a été obligé de céder en Italie, comme Naples, Sicile, et d'autres encore; joignez la Servie et toute cette étendue du pays en Hongrie que les Turcs ont repris, et regardez-y alors s'il est possible que les revenus actuels de l'Impératrice-Reine peuvent aller au point que le baron Beckers les a marqués, surtout après la perte de la Silésie, qui diminue encore le nombre. Mais pour parvenir à savoir au juste jusqu'où ces revenus peuvent à peu près monter, je crois que la meilleure voie sera de tâcher à vous informer séparément, et de province en province, ce qui en peut revenir. M'étant autrefois exactement informé ce que la Moravie a rapporté à l'empereur Charles VI, et même pendant le temps de la guerre contre les Turcs, où les provinces furent extrêmement chargées d'impôts, l'on en a tiré 800,000 écus, et de la Bohême quatre millions d'écus. Comme l'Impératrice-Reine tâche à présent de porter les charges de chaque province au point qu'elles doivent payer en temps de paix ce qu'elles ont autrefois contribué en temps de guerre, je crois qu'en vous servant de cette proportion, vous sauriez aisément parvenir pour savoir au juste ce que chaque province pourra payer à l'Impératrice-Reine.
Au reste, le général comte Lucchesi, venant de passer par ici pour aller par Hanovre à Londres, s'est fait soupçonner qu'il pourrait bien être chargé de quelque commission secrète de sa cour à celle de Londres. S'il y a moyen que vous sauriez vous orienter sur ce sujet, vous me ferez plaisir de m'en informer.
Federic.
Nach dem Concept.
<154>153-1 Vergl. Bd. VI, 441. 442.
153-2 Vergl. S. 131.