4143. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION FRÉDÉRIC DE VOSS A COPENHAGUE.

Potsdam, 24 février 1750.

Les deux relations que vous m'avez faites, cotées sous numéro 18 et 19, m'ont été bien rendues; et je vous sais bon gré de ce que vous m'avez informé vous-même de la conversation qu'il y a eu entre M. l'abbé Lemaire et M. de Schulin relativement à ma situation et à mes forces. Ce que celui-ci a fait entendre au sieur Lemaire, comme<265> quoi l'entretien de mon armée me serait trop onéreux pour que je saurais la maintenir longtemps dans cet état, lui a été sans doute inspiré par les partisans des cours de Vienne et de Pétersbourg, qui, par un motif d'envie contre moi, se sont avisés de disséminer de pareils bruits ridicules; car quant à moi, vous pouvez hardiment compter que mon armée, telle que je l'ai sur pied, est payée et entretenue régulièrement, sans me causer le moindre inconvénient ou embarras, et je me suis si bien arrangé que sûrement, pendant toute ma vie, je n'en diminuerai pas le nombre d'un seul homme. Tout au contraire, je me trouve, grâce à Dieu, dans une situation que je pourrais l'augmenter de vingt à trente mille hommes, si les places ne me manquaient où je saurais les mettre en quartiers.

Au surplus, si ce que vous est revenu touchant le rappel qu'on médite du sieur de Bernstorff, pour le placer dans le conseil, se devait vérifier, il n'y a nulle doute que cela ne soit que par une intrigue des Anglais qu'on y ait déterminé le roi de Danemark, dans la vue, comme vous dites, de contrebalancer par lui le crédit de M. Schulin. Car il est assez connu que le sieur de Bernstorff, né Hanovrien qu'il est, a toujours été fortement attaché à la cour de Londres, à qui il a tâché de rendre tous les services possibles, même pendant son ministère en France,265-1 ce que je ne vous dis cependant que pour votre direction seule.

Federic.

Nach dem Concept.



265-1 Vergl. Bd. III, 385; Bd. V, 558.