4220. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.
Berlin, 31 mars 1750.
Le sieur de Goltz m'ayant fait rapport, en date du 14 de ce mois, d'un entretien que vous avez eu avec notre ami, je vous autorise par la présente dépêche — afin de tranquilliser notre dit ami sur son appréhension relativement aux papiers que vous avez entre vos mains et où il peut y être fait quelque mention de lui — de brûler sans exception tous ces dits papiers, dont d'ailleurs les minutes ou les expéditions se trouvent et sont gardées ici dans les archives secrètes.
Les circonstances que le sieur de Goltz me mande dans son susmentionné rapport au sujet de cet ami, ne me permettent presque plus de le regarder autrement que comme flambé et perdu auprès de sa souveraine et de me persuader que toute la différence dont il s'agit encore actuellement, est peut-être de quatre semaines plus tôt ou plus tard que son désastre éclatera.
J'en suis en effet mortifié, cependant-n'y va-t-il point de ma faute, n'ayant laissé passer aucune occasion de l'en avertir; mais le proverbe : « Aide-toi, et Dieu t'aidera », semble rencontrer juste et cadrer à son égard.
Au reste, quant à vous, je ne saurais assez vous recommander d'être extrêmement attentif sur tous les arrangements qu'on prend là où vous êtes pendant ce temps de crise. Vous ne vous épargnerez aucune peine au monde pour pénétrer et me marquer en conséquence si ces arrangements, qui d'ailleurs paraissent être assez sérieux, ne sont cependant réellement que de pures démonstrations, ou bien si la Russie en viendra à une rupture ouverte, et ce qu'en ce cas il pourrait y avoir à craindre de la part de la Russie.
Federic.
Nach dem Concept.
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