4229. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.
Potsdam, 7 avril 1750.
J'ai reçu votre dépêche du 24 du mois dernier passé. Quoique vous connaissiez ma façon de penser sur les sincérations ordinaires des ministres anglais, il me paraît cependant que pour cette fois-ci vous poussez un peu trop loin vos doutes sur la sincérité des déclarations que ces ministres font vis-à-vis de la France relativement aux affaires du Nord.
Quand je considère le vrai état où les affaires de l'Europe se trouvent dans le moment présent, j'avoue que j'ai de la peine à m'imaginer que le ministère anglais, après toutes les déclarations vigoureuses et énergiques que la France a faites, voudrait continuer à aigrir et pousser la Russie pour commencer des troubles dans le Nord, vu que ce serait agir diamétralement contre les intérêts de l'Angleterre, et que même les intérêts particuliers d'Hanovre n'en sauraient tirer aucun avantage. Je crois même de comprendre fort bien l'embarras qu'on remarque au duc de Newcastle, aussi souvent qu'il s'explique sur les affaires de Russie, puisqu'au fond il est vrai qu'il s'en faut beaucoup que l'Angleterre soit la maîtresse de conduire la Russie tout comme elle veut, et qu'en conséquence le duc de Newcastle a raison de craindre que la Russie n'attire plus d'embarras à l'Angleterre qu'elle ne voudra avoir.
Voilà comme je me représente naturellement les affaires, estimant de ne devoir pas chercher finesse là où il n'y en a peut-être point. Au surplus, je suis presque persuadé que le voyage du roi d'Angleterre à Hanovre regarde principalement l'élection d'un roi des Romains en faveur de l'archiduc aîné d'Autriche, affaire où aussi il réussira, malgré tout ce que la France et moi y pourrions opposer, dès qu'elle sera mise sur le tapis.
Federic.
Nach dem Concept.
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