4282. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 28 avril 1750.

J'ai reçu votre dépêche du 18 d'avril. Quoique vous fassiez fort bien de vous méfier en tout de la cour où vous êtes, et que je vous sache bon gré de m'avoir averti des arrangements qu'on y fait relativement aux campements qu'on va former, je dois cependant vous dire que je n'ai point heu de me douter de quelque dessein caché là-dessus ; car toutes les apparences sont à présent que la paix du Nord pourra encore se conserver au moins cette année-ci. Ce qui me confirme dans ce sentiment, ce sont mes dernières nouvelles de Pétersbourg, qui<361> m'apprennent que la déclaration que la cour de Danemark a fait faire au chancelier de Russie dans le même sens qu'elle l'a fait à Vienne, n'a pas laissé de faire bien de l'impression sur ce dernier; que le sieur Guy Dickens avait fait la déclaration de l'Angleterre d'une manière si mâle et si ferme que celui-ci en avait été également embarrassé que fâché. Et les dernières instructions qu'un courrier avait apporté au comte Bernes sur le même sujet, étaient pour faire au nom de la Reine-Impératrice des représentations aux ministres de Russie en faveur de la Suède; du moins le comte de Barck l'avait-il marqué sur ce pied-là au ministre de Suède à Pétersbourg, par une lettre que ledit courrier lui avait apportée. Enfin, j'apprends par un assez bon canal que la cour de Russie paraissait n'avoir plus d'envie de rompre avec la Suède, et que le chancelier Bestushew même n'oserait porter les choses à cette extrémité sans courir grand risque de ruiner entièrement sa fortune, mais que la Russie resterait armée et continuerait les ostentations guerrières jusqu'à la mort du roi de Suède; mais qu'elle tâchera d'obtenir son but plutôt par les intrigues que par les armes; circonstances qui toutes, prises ensemble, me font conjecturer que les affaires du Nord se composeront encore sans qu'on parviendra à des éclats.

Federic.

Nach dem Concept.