4287. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 2 mai 1750.

J'ai bien reçu votre dépêche du 14 du mois passé d'avril. Je croirais comme vous que le sieur Guy Dickens n'eût point parlé au Chancelier avec cette fermeté que le comte Lynar vous a dit, si les dernières lettres de Londres ne venaient de m'apprendre que le roi d'Angleterre et son ministère commençaient à appréhender les suites des déclarations fermes et vigoureuses que la France a faites relativement aux affaires du Nord, et que l'on n'était d'ailleurs pas sans inquiétudes au sujet de l'étroite intelligence qui régnait actuellement entre la France, moi et la Suède; que c'était en conséquence que la cour de Londres<364> venait de donner ordre au chevalier Williams d'aller incessamment résider à ma cour et me faire, à ce qu'on prétend savoir, directement des protestations pour la conservation de la tranquillité du Nord; que d'ailleurs le duc de Newcastle s'épuisait en protestations envers l'ambassadeur de France sur la sincérité du Roi son maître et sur la droiture de ses sentiments dans les affaires du Nord. Outre cela, les cours de Londres et Vienne paraissaient craindre que la guerre ne commençât dans le Sud, et j'apprends encore que la dernière est fort intriguée sur la déclaration que la cour de Danemark a faite364-1 à l'égard des affaires du Nord.

Toutes ces circonstances, prises ensemble, me font croire qu'il se peut bien que le sieur Guy Dickens ait parlé d'un ton plus ferme qu'à l'ordinaire au Chancelier, et je crois pouvoir espérer que, puisque la Russie ne sait trouver aucun appui auprès de ses alliés, elle se rendra, à la fin, à la raison et tâchera de se tirer de l'affaire, quoiqu'elle ne laisserait pas de chicaner le terrain au possible.

Federic.

Nach dem Concept.



364-1 Vergl. S. 338.