4290. AU ROI DE FRANCE A VERSAILLES.
Potsdam, 2 mai 1750.
Monsieur mon Frère. Le départ du marquis de Valory me fournit une occasion nouvelle d'assurer Votre Majesté de tous les sentiments d'amitié et d'admiration qu'Elle m'inspire. Le marquis de Valory connaît mon âme, il est depuis dix ans témoin de ma façon de penser sur Son sujet, et il pourra rendre compte à Votre Majesté de ce que mon cœur n'ose Lui dire de crainte de blesser Sa modestie. Le caractère du marquis de Valory m'a paru d'autant plus estimable que dans toutes les occasions je l'ai trouvé zélé pour les intérêts de Votre Majesté et pour ceux de Ses alliés, que sa candeur ne s'est jamais démentie, et que j'ai eu lieu de profiter de l'expérience que ses longs services lui ont donnée dans l'art militaire. Il m'a rendu des services à la bataille de Friedberg pour lesquels je lui conserverai sans cesse un cœur plein de reconnaissance. Je n'entrerais pas dans ce détail si ce n'est que l'excès de confiance que j'ai dans l'amitié de Votre Majesté, ne me flattait de la part qu'Elle daigne prendre à ce qui me regarde. Si le marquis de Valory avait été à mon service, je l'aurais récompensé certainement pour m'avoir été utile dans le jour le plus décisif de ma fortune; mais j'espère qu'il n'y perdra rien et que son maître, qui est le rémunérateur du mérite et des talents, étendra ses bontés jusques à lui, d'autant plus qu'il ne se rendra pas indigne des grâces dont Votre Majesté voudra bien l'honorer. Je La prie d'ajouter foi à tout ce qu'il Lui dira de ma part, et de me compter non seulement au rang de Ses plus fidèles alliés, mais encore de Ses plus sincères admirateurs. Je suis à jamais, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.