4342. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.
Quartier de Pétersdorf, 8 juin 1750.
A mon arrivée en Prusse, j'ai trouvé devant moi les dépêches que vous m'avez faites du 19, du 23 et du 26 du mois passé, dont j'ai eu lieu d'être satisfait, par les choses intéressantes qu'elles m'ont apprises et par les nouvelles assurances que j'y ai trouvées que la tranquillité dans le Nord se maintiendra encore.
<393>Quoique je sois persuadé que tout ce que le comte Lynar a représenté au chancelier Bestushew pour rapatrier la Russie avec la Suède, ne fera guère impression sur lui, et qu'il ne voudra jamais accepter les bons offices que la cour de Danemark a offerts à ce sujet, il est toujours bon que ledit comte Lynar a pris cette voie-là, afin de pouvoir tirer au moins de la réponse que le Chancelier y fera, des conjectures sur les vues qu'il saurait avoir relativement à la Suède; mais telles quelles sauraient être ces vues, je présume qu'au bout du compte il se verra obligé d'acquiescer, bon gré malgré lui, au projet de pacification que la France fera faire par l'Angleterre à la Russie pour terminer ses différends avec la Suède;393-1 et si je [puis] d'ailleurs compter sur ce qui me revient de différents lieux, je crois que la Russie est effectivement dans l'appréhension que la Suède ne change la forme de son gouvernement, et qu'elle mettra de l'eau dans son vin, quand elle se verra rassurée sur cette crainte. Au surplus, je regarde comme une fanfaronnade tout ce que le Chancelier a voulu dire au comte Lynar de la déclaration que le Grand-Visir doit avoir faite au sieur Neplujew,393-2 et, quant aux ordres que le général Lieven et d'autres officiers ont reçus de retourner à leurs postes, je crois qu'on ne laissera pas d'assembler quelque corps de troupes par les frontières de la Livonie et de faire les mêmes ostentations qu'on a faites dans les dernières années passées.
Federic.
Nach dem Concept.
393-1 Vergl. S. 377.
393-2 Vergl. S. 392.