4569. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.
Potsdam, 19 octobre 1750.
La dernière dépêche du sieur de Klinggraeffen à Hanovre m'ayant apporté le mémoire que le ministre palatin, baron de Wrede, a bien voulu lui communiquer par rapport aux anicroches à faire1 à l'élection d'un roi des Romains concertée entre les cours de Vienne et d'Hanovre en faveur de l'archiduc Joseph, je vous en envoie ci-clos l'original, afin que vous et le ministre comte de Finckenstein l'examiniez avec attention et m'en fassiez à la suite votre rapport. En attendant, vous garderez un religieux secret tant sur l'auteur du mémoire que sur la pièce même, que vous ne laisserez voir à personne de la fidélité et de la discrétion de laquelle vous ne soyez pas pleinement convaincu.
D'ailleurs je veux bien vous dire, quoique pour votre direction seule et sous le sceau d'un secret inviolable, que, puisque le sieur de Klinggraeffen va se congédier du roi d'Angleterre, j'ai pris la résolution de me servir de lui pour l'envoyer à Vienne, afin de relever là votre neveu de son poste.
En conséquence de quoi je lui enverrai l'ordre, sans y toucher quelque chose de sa future destination, que, dès qu'il se sera congédié du roi d'Angleterre et que mon service ne demandera plus sa présence à Hanovre, il doit venir tout de suite chez moi pour prendre mes ordres ultérieurs. Puisque j'ai tout lieu d'appréhender qu'au cas que la moindre chose transpire hors de saison de ma résolution prise au sujet dudit sieur de Klinggraeffen et que la cour de Vienne en ait connaissance, elle ne s'avise de protester encore contre sa personne, mon intention est qu'il ne doit pas s'arrêter au delà de huit jours à Berlin et partir alors incessamment pour Vienne, afin que cette cour-là ne saurait être avertie du choix que j'ai fait de sa personne, qu'au moment qu'il sera sur son départ de Berlin.2
Afin que rien, aussi, alors ne saurait retarder son départ, je veux qu'en attendant vous fassiez dresser, avec tout le secret qu'il faut, ses instructions et que vous prépariez ses lettres crédentiales, ses chiffres, tout de même que les ordres qu'il faut pour ses appointements et pour la somme ordinaire qu'il lui faut pour faire ses équipages, ce que je remets tout à vos soins.
Au reste, comme je n'ai plus eu des nouvelles de l'expédition du privilège de non appellando relativement à ma principauté d'Ostfrise,3 quoique j'en aie déjà fait payer depuis assez de temps les taxes à la chancellerie de l'Empire, ma volonté est que vous deviez presser extrêmement là-dessus mes ministres à Vienne, afin que l'original du privilège soit envoyé à Berlin et qu'à la suite la sentence rendue touchant les dettes d'Ostfrise saurait être publiée avec effet, d'autant que je suis las de recevoir presque à chaque ordinaire des plaintes de ceux qui y
1 Vergl. S. 91. 107.
2 Vergl. S. 95. 109.
3 Vergl. S. 5.