4661. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A BRUNSWICK.
Potsdam, 3 décembre 1750.
J'ai bien reçu par l'ordinaire dernier la lettre que vous m'avez faite du 30 passé. Faites-moi le plaisir, je vous prie, de ne point appréhender qu'un refus de la part de M. le Duc, votre frère, touchant les propositions que je lui ai fait parvenir par vous, me cause jamais le moindre chagrin, ni que je m'en trouve aucunement offensé; tout au contraire, je ne demande autre chose sinon qu'il règle ses décisions làdessus en conformité de ses propres intérêts et de ce qu'il trouve de sa convenance. Quant à moi, il faut que je vous déclare tout cordialement que je ne suis pas à même de changer en aucun point des susdites propositions, ni d'y ajouter quelque chose.
En attendant, vous ferez remarquer au Duc
1° Que le temps où il conclut sont traité de subsides avec les Maritimes était un temps de guerre où celles-ci se trouvaient extrêmement pressées d'avoir des troupes, et que le Duc fut obligé de les faire marcher incessamment pour être employées en campagne; au lieu que, dans le cas présent, il s'agit d'un temps où, selon toutes les apparences, il n'arrivera dans les six ans que notre traité durerait, aucune guerre;
2° Que ce traité n'obligera point le Duc d'augmenter ses troupes d'un seul homme au-dessus du nombre de ceux qu'il entretient actuellement;
3° Que si le cas d'une guerre arrivait, on augmentera considérablement les subsides;
4° Que les conditions auxquelles le Duc a été engagé envers les Maritimes, lui ont été infiniment plus onéreuses que celles que je lui propose;
5° Faut-il considérer que, quand je voudrais entretenir moi - même 4,000 hommes de troupes plus que j'en ai, ce nombre ferait cinq bataillons sur le pied que nous le comptons régulièrement, dont l'entretien ne me coûterait que 175,000 écus et dont j'aurais alors la souveraine disposition de les faire marcher quand et où il me plairait.
En conséquence de tout ceci, il me paraît que, quand j'offre en temps de paix un subside de 100,000 écus au Duc, mais que j'augmente au triple en temps de guerre, mes propositions ne sont pas toutà-fait déraisonnables.
Nonobstant tout cela, je vous le répète encore, et vous pouvez en donner les plus fortes assurances à M. le Duc, que s'il trouve mes propositions point conformes à ses intérêts et sa convenance, le refus qu'il en fera, ne me causera le moindre déplaisir, ni altérera en aucune façon notre amitié, intelligence et l'affection où nous sommes réciproquement l'un envers l'autre; tout au contraire, je lui conseille moi-même de