<231> de se faire prévenir par de fausses insinuations; tout au contraire, soyez assuré que ce ministère clairvoyant sait parfaitement apprécier les choses à ce qu'elles valent, qu'il surpasse en prudence ses ministres aux cours de dehors et que, quand il arrive à ceux-ci de se laisser duper, il ne leur réussit pas d'en imposer au marquis de Puyzieulx ni au comte Saint-Severin. Il ne doit par conséquence point vous embarrasser, quand même vous trouvez d'abord le marquis de Hautefort prévenu des sentiments que Blondel lui a su inspirer à la sollicitation de la cour de Vienne; poursuivez plutôt la route que vous avez choisie pour vous conduire bien avec lui, tâchez de le ramener insensiblement et petit à petit et prenez des concerts là-dessus avec le comte de Barck. Si le susdit ministre a quelque secrétaire homme d'esprit avec soi qui a de l'ascendant sur lui, cherchez d'en profiter adroitement, et s'il arrivait surtout que la cour de Vienne s'échappât de découvrir ses finesses et son jeu par quelque trait visible et grossier, alors prenez l'occasion pour dessiller les yeux au ministre, en lui faisant voir clairement la duplicité de ladite cour.
Federic.
Nach dem Concept.
4742. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Berlin, 23 janvier 1751.
J'ai bien reçu vos dépêches du 5 et du 8 de ce mois. Mon ministère du département des affaires étrangères vous aura déjà instruit sur les articles de l'accession de la cour d'Angleterre au traité défensif des deux cours impériales fait en 1746, autant qu'ils en sont connues; il est d'ailleurs constaté que cette accession s'est faite à l'impulsion même du roi d'Angleterre, quelque éloigné qu'il en a paru être avant ce temps-ci.
L'attention de l'impératrice de Russie sur les affaires de Suède ne sera guère détournée par son voyage de l'Ukraine, vu qu'il ne faut que peu de dissipation pour la détourner des soins aux affaires; en attendant, si la nouvelle de ce voyage se confirme, elle sera toujours bonne, parcequ'elle marquera qu'il n'y a pas de dessein encore pour éclater contre la Suède.
Le courrier que le sieur de Panin a de nouveau envoyé à sa cour, me donne à penser. J'appréhende toujours qu'il n'y ait plus de remuements cachés contre le ministère de Suède que celui-ci ne le croit ni ne le sait lui-même, et qui n'éclatera qu'à la Diète future. Pour ce qui regarde le ministre autrichien, vous pouvez compter et même en avertir confidemment la Princesse Royale, ma sœur, et les ministres confidents que les instructions de celui-là ne sont autres que de se tenir tranquillement jusqu'au temps de l'assemblée de la Diète, où il devra