Quant à la France, il faut qu'on lui rende la justice qu'elle ne laisse pas de s'expliquer nerveusement et avec fermeté au sujet de de l'élection d'un roi des Romains, aussi souvent que l'occasion se trouve à le faire, de façon qu'on ne saurait rien lui reprocher là-dessus.
L'affectation marquée avec laquelle les ministres de Vienne tâchent d'inspirer à tout le monde que cette cour n'appréhende rien des Turcs, me fait juger qu'il faut que les dernières nouvelles qu'elle a reçues par son courrier de Constantinople, ne lui ont été guère agréables. Comme les petites escarmouches qu'il y a eu depuis peu1 entre les Tartares et les Cosaques zaporoviens, pensionnaires de la Russie, ne sont pas un objet assez important pour que ladite cour en soit inquiétée, il faut bien qu'il y ait d'autres choses encore qu'elle voudrait cacher, et que nous ne saurons peut-être qu'en deux mois par la voie de la France.
Il n'est point douteux qu'on n'éclatera bientôt de rage contre l'électeur de Cologne;2 vous ferez donc bien d'observer à cette occasion les premiers mouvements des ministres, qui certainement les trahiront.
Au reste, le comte de Podewils avec d'autres encore m'ayant dit beaucoup de bien sur le personnel du secrétaire von der Hellen et sur son application, mais qu'il se trouvait un peu embarrassé par les dettes qu'il avait été obligé de contracter à Vienne, vous devez lui dire de ma part que, satisfait que j'étais de son application et de sa fidélité, je songerai de l'aider dans ses affaires particulières par le moyen d'un des canonicats qui viendront à vaquer à ma disposition, pourvu qu'il continuât à me servir avec zèle et dextérité.
Federic.
Nach dem Concept.
4881. A LA MARGRAVE DE BAIREUTH A BAIREUTH.
[Potsdam], 11 [avril 1751].
Ma très chère Sœur. Vous serez obéie au pied de la lettre, et je ferai de mon mieux pour m'aquitter de ce que vous désirez.3 Nous venons d'apprendre la mort du prince de Galles,4 ce qui donne de l'occupation aux politiques et aux Anglais.
Nous exerçons ici et répétons notre leçon qu'il y a près de quarante ans que nous apprenons. J'aurais de la peine à vous mander des nouvelles d'ici, où je mène une vie tranquille, unie et heureuse, et où rien ne peut augmenter mon bonheur que les nouvelles de votre bonne santé et de votre contentement.
Je suis avec la plus parfaite tendresse et estime, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach der Ausfertigung im Königl. Hausarchiv zu Berlin. Eigenhändig.
1 Vergl. S. 317.
2 Vergl. S. 300.
3 Vergl. S. 310.
4 Gestorben 31. März 1751.