<45> été effectué présent; d'ailleurs ce n'est pas depuis aujourd'hui que j'ai connu la faiblesse du comte Tessin;1 il y a peu d'occasions où il n'a pas fait remarquer sa timidité. Mais ce qu'il y a de meilleur dans cette situation, c'est que les ostentations présentes de la Russie ne sont que des bruits vains et des rodomontades que les gazetiers ont adoptés pour en imposer le public, puisqu'il est constaté que de tout ce que les Russes prônent de leurs arrangements, il n'en est pas la moitié dans la réalité. Au surplus, selon mes idées, il n'est pas nécessaire que la France et moi nous nous réglions sur les ostentations des Russes, pour en faire autant quand ceux-ci en font; tout au contraire, pourvu que nous soyons fermes et bien concertés ensemble, il paraît que nous marquons de notre côté du mépris pour tout ce que la Russie remue, quand nous ne prenons point de mesures sérieuses dans le temps que celle-ci se donne tous les mouvements pour étaler ses ostentations. Je crois, de plus, qu'il serait mutile que nous fassions des démonstrations de notre côté dans le temps où nous savons pour certain que la Russie n'entreprendra rien contre la Suède, comme sûrement elle ne le fera pas pendant le cours de cette année, où les alliés de Russie ne forment leurs cabales politiques que relativement aux affaires de l'Empire, par rapport à l'élection d'un roi des Romains, et pour grossir leur parti dans l'Empire.

Au reste, pour fortifier et affermir les ministres de Danemark dans leurs bons sentiments, vous pouvez bien leur dire, quoique seulement par manière de discours, que, s'il arrivait que la Suède fût insultée, je ne l'abandonnerais certainement point. Vous en parlerez aussi à l'abbé Lemaire, pourqu'il lui plaise de s'énoncer de la même façon envers les ministres danois, quand il trouvera l'occasion convenable.

Federic.

Nach dem Concept.


4454. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 8 août 1750.

Votre dépêche du 27 de juillet dernier m'est entrée. Vous pouvez compter que, malgré tout ce que le comte Tyrconnell peut avoir dans ses instructions au sujet du ministre d'Angleterre à Berlin, il ne sera jamais la dupe de Williams, ledit comte ayant trop de pénétration et de jugement pour n'avoir pas d'abord reconnu l'apôtre et ses allures.

Quant à ce qui est arrivé par rapport à l'homme qui a fait confidence à la duchesse de Brancas d'une prétendue conjuration contre le roi de France et son ministère, je suis tout-à-fait persuadé que cet homme est effectivement fou en tête, ne pouvant point croire qu'il y ait une fermentation aussi forte dans la nation qu'il y en eût parmi elle qui voudraient tenter pareil crime. Car pour ce qui est de la dernière



1 Vergl. Bd. V, 347. 353; VI, 190. 275. 302. 347. 360; VII, 56.