<513> chancelier de Russie, Bestushew, en lui déclarant que sa cour n'agréerait jamais ni l'une ni l'autre de ces deux déclarations et qu'il avait tâché, par toutes les insinuations possibles, d'en dissuader ledit Chancelier, en lui remontrant que, pourvu que la Russie tiendrait ferme à n'écouter point ces propositions, la cour de Dresde accèderait au traité de Pétersbourg sans cela.
Comme j'ai réfléchi sur tous ces avis, que j'ai de fort bonne main, il m'est venu la pensée que, parceque l'ambassadeur autrichien avait d'abord refusé tout à plat la proposition de la Saxe, et qu'il n'avait point voulu entendre parler d'une assurance à donner à la Saxe pour la succession au trône de Pologne, que, dis-je, la cour de Vienne pourrait bien avoir formé le projet de placer sur ce trône le prince Charles de Lorraine, et que son ministre, étant instruit de ce projet, avait voulu refuser d'abord à la Saxe cette garantie qu'elle voudrait demander. Il faut que je vous avoue encore que ce n'est point le susdit avis seul qui m'a fait venir la pensée, mais qu'il y a d'autres encore que j'ai reçus avant celui-ci sur ce sujet, entre lesquels il y a un que la cour de Dresde a voulu proposer à celle de Vienne un mariage à faire entre le prince Xavier et la seconde des archiduchesses de l'Impératrice-Reine, mais que la cour de Vienne n'avait non plus goûté la proposition.
Mon intention est que vous devez parler de tout ceci au marquis de Contest, de même qu'au marquis de Puyzieulx, et encore principalement, s'il se peut sans choquer les deux autres ministres, au comte de Saint-Séverin — ce que je laisse à votre pénétration — en les conjurant cependant et en prenant préalablement des promesses d'eux pour me vouloir garder un secret inviolable et absolu sur ceci, afin de savoir d'eux ce qu'ils en pensent. Vous leur direz que je me donnerai tous les soins imaginables, afin d'approfondir plus encore cette chose, afin de pénétrer si ledit projet existe véritablement ou s'il n'est fondé qu'en mes soupçons, et que je ne laisserai pas de communiquer fidèlement tout ce que j'apprendrai à ce sujet.
Du reste, je crois superflu de vous faire souvenir que ce n'est qu'à moi seul et immédiatement qu'il faut que vous adressiez votre réponse sur cette affaire, sans en toucher la moindre chose dans les relations que vous adresserez à mes ministres du département des affaires étrangères.
Federic.
Nach dem Concept.
5178. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 6 novembre 1751.
Votre dépêche du 30 dernier m'a été bien rendue. De la manière que M. Lemaire s'est expliqué envers vous au sujet de la prétendue