4393. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A COMPIÈGNE.

Potsdam, 11 juillet 1750.

La relation que vous m'avez faite du 28 du passé, m'est bien entrée. Quoique je reconnaisse le zèle que vous portez pour mon service, quand vous dites dans l'apostille de cette dépêche que, si vous avez manqué de répondre à quelques-uns de mes ordres faits en faveur de quelques particuliers, vous l'aviez fait pour un bon but, il faut cependant que je vous dise que, pourvu que vous me connaissiez assez, vous n'auriez pas hésité de répondre à de pareils ordres, car je suis bien éloigné de me fâcher ni de m'aigrir quand j'apprends que les<9> ministres de France n'ont pas précisément déféré aux intercessions que je leur ai fait faire en faveur de particuliers. Je connais combien ils sont difficiles à mener, et je sais qu'il n'est pas possible de les obliger à faire toujours ce que je demande à eux; mais avec tout cela je serai cependant bien aise d'avoir votre réponse sur de pareils ordres, pour savoir au moins si les choses que je demande, ont succédé ou non.

Je vous suis obligé des nouvelles que vous m'avez communiquées par rapport à la Turquie; s'il vous en arrive d'autres encore, vous ne manquerez pas de m'en instruire. Celles du Nord continuent à m'assurer que les choses resteront tranquilles; mais l'on me marque qu'on avait lieu d'appréhender à présent que les principales vues du chancelier Bestushew ne tendent à faire jouer tous les ressorts imaginables pour renverser le ministère de Suède, ou à la mort du Roi régnant ou à la Diète qui va se tenir dans l'année prochaine en Suède, et que, pour y parvenir avec d'autant moins de difficulté, l'on craint qu'il ne soit appuyé par l'argent anglais et qu'un semblable changement arrivé et le ministère de Suède composé des créatures de la Russie, ne mette le Chancelier au but des vues qu'il s'était proposées.

Federic.

Nach dem Concept.