4474. AU CONSEILLER DE LÉGATION WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 21 août 1750.

J'ai reçu votre dépêche du 4 de ce mois. Malgré la ferme persuasion où la cour de Pétersbourg était qu'il ne saurait manquer que la Diète à Varsovie ne subsistât, nous venons d'apprendre qu'elle a été rompue à la quatrième session des Nonces, à l'occasion des dissensions qui ont été à l'occasion de l'élection d'un maréchal de la Diète et des<56> violences dont la cour de Pologne a voulu user à cet égard. Cette nouvelle n'a pu que me causer de la joie, parceque je venais justement d'être informé qu'il y avait eu un concert pris entre les Czartoryski, le comte Keyserlingk et la cour de Pologne de faire glisser dans les constitutions qu'on ferait de cette Diète, en cas qu'elle subsisterait, au delà de soixante points fort préjudiciables tant à la République qu'à moi, dont il n'avait été jamais question dans les délibérations de la Diète, et que le parti de la cour s'était autant flatté que le coup ne saurait manquer, que ces constitutions ont été toutes faites. L'alliance avec les deux cours impériales y doit avoir été le premier point, et d'ailleurs de certains préparatifs pour pouvoir faire réussir ensuite le projet de l'augmentation des troupes de la Pologne, avec d'autres points encore très préjudiciables qu'on aurait glissés dans les constitutions, si l'on était parvenu jusque là. L'on prétend d'ailleurs que le comte Keyserlingk doit avoir distribué beaucoup d'argent entre les Nonces pour faire réussir ce Concert, qui se trouve heureusement tout-à-fait dérangé par la rupture de la Diète qui vient de se faire.

Pour ce qui regarde les affaires de Russie, je veux bien vous dire que je ne suis aucunement en peine de toutes les ostentations qu'elle fera dans le cours de cette année, ni des marches et contre-marches de ses troupes; mais ce qui doit occuper à présent toute votre attention, c'est les menées et les intrigues que le Chancelier formera pour embarrasser la Diète qu'on assemblera en Suède, et pour parvenir à ses vues.

Federic.

Nach dem Concept.