4489. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.
Berlin, 29 août 1750.
J'ai bien reçu votre dépêche du 17 de ce mois. Je conviens avec vous que les projets de la Russie et de ses alliés embrassent plus d'un objet,63-3 mais aussi crois-je que les partisans de la cour de Vienne s'attendent à plus de choses de celle-ci qu'elle-même estime de pouvoir<64> faire; d'ailleurs il coûte infiniment pour porter à la consistance des projets aussi vastes que ceux-ci, le moindre incident les ruine; mais ce qui pourra déranger le plus ces projets, c'est la bonne et vigoureuse résolution que la France a prise: par là elle bridera l'Angleterre, celle-ci contiendra les Autrichiens, et, sans les Autrichiens, les Russes ne sauraient pas remuer. Outre tout cela, un projet qui embrasse d'aussi grands objets, ne laisse pas que de courir de grands hasards dans son exécution.
Il est indubitable que, si nous pouvons faire adopter notre système aux Turcs, il en deviendra plus ferme et solide, mais il est difficile de prévoir encore jusqu'où ceux-ci y voudront entrer. En attendant, l'apparition de l'émissaire tartare qui a été ici,64-1 n'a point été mal à propos, et il est certain que, si jamais les circonstances demandaient que la France et moi dussions nous servir de ces Tartares, nous en tirerions un bon parti et que nous pourrions nous en servir de plus d'une façon pour ébrécher les projets pernicieux de nos ennemis.
Federic.
Nach dem Concept.
63-3 Chambrier bezeichnet als die drei Ziele der Politik der Gegenpartei: Veränderung des politischen Systems Schwedens, Wiedereroberung Schlesiens für Oesterreich, Erblichkeit der polnischen Krone im Hause Sachsen.
64-1 Vergl. S. 37.