4799. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A DRESDE.

Potsdam, 16 février 1751.

Je vous fais la présente pour vous dire que le sieur Williams, ministre de l'Angleterre, va quitter ma cour. La conduite insensée et indécente que cet homme a tenue à mon égard dès son arrivée à ma cour, et dont j'ai des preuves authentiques, m'a obligé de faire faire des instances auprès de sa cour à ce que ce sujet également imprudent que mal intentionné fût rappelé, ayant porté ses extravagances au point que, si ce n'avait pas été la considération et les égards pour le Roi son maître, je lui aurais fait défendre ma cour. Les représentations que j'ai fait faire à son sujet, ont opéré que sa cour, connaissant apparemment son caractère peu convenable à mon sujet, lui a envoyé ses lettres de rappel. Cependant comme ses amis ont été embarrassés de sa personne et qu'ils ont été bien aises de l'entretenir dans l'étranger, afin qu'il puisse rétablir par là sa fortune et sa réputation, ils ont trouvé heureusement le débouché pour lui de le faire envoyer à la cour de Dresde, pour la porter à se prêter aux arrangements pris entre les cours de Londres et de Vienne relativement à l'élection d'un roi des Romains et d'autres affaires encore.

Comme il n'y a presque nul lieu de douter que cet homme, par dépit de ce que je lui ai coupé, pour ainsi dire, les herbes sous les pieds, en insistant sur son rappel, ne tâchera, en arrivant à la cour de Dresde, d'égayer sa bile à mon sujet, j'ai bien voulu vous avertir de ce que dessus, en vous ordonnant que, si cet homme, par un motif de rage, s'émancipât de s'expliquer irrégulièrement à mon sujet et au sujet de mes affaires, vous ne devez faire nulle attention là- dessus, et faire<274> semblant comme si vous l'ignoriez, de façon que, si même vous en revenait quelque chose, vous n'en devez marquer autre ressentiment que de le traiter avec mépris et comme indigne de votre attention.

Federic.

P. S.

Tout ce que dessus n'est que pour votre direction seule, aussi vous défends-je d'en parler à qui que ce soit ni d'en faire mention dans vos dépêches à mes ministres.

Nach dem Concept.