4805. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.
Potsdam, 21 février 1751.
Vous savez, Milord, que je n'ai rien de caché pour vous en tout ce qui regarde les intérêts de la France et de ses alliés, tout comme je suis parfaitement assuré de votre discrétion. C'est donc en conséquence que je veux bien vous confier qu'ayant eu occasion de voir une lettre interceptée que le ministre autrichien à Stockholm, le comte<278> Goës, vient de faire à sa cour,278-1 j'y ai trouvé le passage qui suit : « Je ne saurais rien mander par rapport aux affaires intérieures de la Suède, parceque d'un côté le parti dominant ici fait tous ses arrangements qui regardent la Diète future, dans le dernier secret, et que d'un autre côté le parti bien intentionné se tient encore tout coi et tranquille, par la raison qu'il n'a pas encore les sûretés qu'il lui faut d'être appuyé par quelque puissance amie étrangère. »
Comme il est aisé de voir par là qu'il faut bien que les deux cours impériales aient leur parti formé en Suède, prêt à remuer dès qu'il se croira suffisamment appuyé par une des puissances ennemies de la Suède, je laisse à votre pénétration s'il conviendra d'avertir de ce que dessus le ministre de France à Stockholm, sans cependant lui confier le canal par lequel cet avis vous est parvenu. Sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris.
278-1 D. d. Stockholm 5. Februar 1751.