4819. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 2 mars 1751.
J'ai reçu à la fois vos rapports du 9 et du 12 du mois passé. Je vous sais bon gré des informations que vous m'avez données au sujet de la différente façon dont on pense en Suède de mettre en exécution le transport des troupes à envoyer en Finlande. Cependant je<287> veux bien vous dire que, si la France et moi avons insisté à ce qu'un renfort de troupes soit envoyé en Finlande, notre but n'a point été qu'il y fût transporté du monde pour relever les travailleurs aux forteresses, mais que ladite province soit mise dans un état de défense contre toute insulte. Si le ministère de Suède n'y veut pas envoyer de troupes pourvues de tentes, de l'artillerie et de tout autre appareil qu'il faut pour pouvoir tenir campagne, le cas le demandant, il vaudrait autant comme si l'on n'y envoyât rien du tout; car tout ce monde ne servirait qu'à rien et serait d'ailleurs exposé à être battu et enlevé en détail. Il faut que j'avoue que c'est un vrai bonheur à la Suède que la Russie n'ose pas encore entreprendre sur la Finlande suédoise, par des considérations qui l'en retiennent; car si elle l'entamait dans le mauvais état de défense où celle-ci se trouve, ce serait peut-être une expédition pour trois semaines de temps que la Russie en chasserait les Suédois et qu'elle serait maîtresse de toute cette province, sans qu'aucun des alliés de la Suède serait en état de la secourir, après que ce coup fut fait. Vous devez représenter tout ceci au comte Tessin, pour lui faire comprendre le danger que la Suède court, si l'on ne pense sérieusement à mettre la Finlande dans un meilleur état de défense et si l'on laisse les troupes qu'on y mettra, dépourvues de ce qui leur faut pour pouvoir tenir campagne et se défendre en braves gens.
Federic.
Nach dem Concept.