4962. AU COMTE DE TYRCONNELL, MINISTRE DE FRANCE, A BERLIN.
Potsdam, 30 mai 1751.
Milord. Je me flatte que vous ne voudrez point douter de la satisfaction extrême que j'ai eue, et du gré particulier que je vous ai de ce que vous m'avez bien voulu communiquer des dépêches intéressantes que vous venez de recevoir de votre cour, et vous pouvez compter que je vous en garderai un secret exact et absolu.
Quant aux affaires du Nord, j'ai tout lieu d'espérer que tout s'arrangera, à la fin, au gré et aux souhaits de la France et de ses alliés, et que la Russie même se lassera, à la fin, de ses démonstrations guerrières, qui ne laissent pas que de lui être à charge. D'ailleurs, il y a bien de l'apparence que la cour de Vienne s'avisera d'abandonner son projet de l'élection d'un roi des Romains en faveur de l'archiduc Joseph, et mes dernières lettres de Vienne me marquent que depuis peu le baron de Bartenstein s'est expliqué à ce sujet envers un de ses amis confidents que, vu que l'élection, ouvrage du roi d'Angleterre, rencontrait trop de difficultés dans l'exécution actuellement, on prendrait patience, en attendant des circonstances plus favorables, dans la persuasion qui, si le cas de vacance du trône impérial existait un jour, on ne pourrait jeter les yeux sur un autre candidat que sur un archiduc.
<375>J'envisage l'affaire de la comtesse de Bentinck375-1 comme finie, après la déclaration par écrit qu'elle vous a adressée. Je suis charmé de ce que cette femme a plié, à la fin, et qu'elle s'est mise à la raison; aussi je ne doute pas qu'on ne finisse heureusemeut avec elle conformément aux vues de la cour de France. Malgré tout cela, je ne saurais pas vous cacher que je crois qu'on aura bien de la peine encore d'amener la cour de Danemark à ce qu'elle entre en une alliance avec moi,375-2 vu qu'elle a toujours marqué une certaine répugnance là-dessus dont il m'a été impossible jusqu'à présent de démêler les motifs. Quoi qu'il en arrive, l'on ne me saura jamais reprocher que j'aie mis le moindre obstacle à ce que cette alliance ne fût faite.
Au reste, je ne sais pas, entre nous dit, si la cour de Dresde mérite à juste titre l'attention que votre cour veut bien marquer pour elle, afin de faire de nouvelles instances à sa faveur relativement aux affaires de la Steuer. Comme je ne veux point vous ennuyer ici par de longs détails qui regardent cette affaire, je viens d'ordonner à mon ministre, comte Podewils, de vous informer au long de toutes les circonstances qui y ont du rapport, et de vous en donner tous les éclaircissements que vous saurez désirer afin d'être entièrement au fait de l'affaire. Sur ce, je prie Dieu etc.
Federic.
Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris.
375-1 Vergl. S. 372.
375-2 Vergl. S. 298. 299.