5197. AU SECRÉTAIRE MICHELL A LONDRES.
Potsdam, 16 novembre 1751.
J'ai reçu votre dépêche du 2 de ce mois. Si les nouvelles de Hollande que j'ai eues accusent juste, les ministres anglais auront calmé à présent leurs inquiétudes sur les suites qu'ils ont craintes de la mort du Stathouder; l'on me marque que tout succède au gré de la Princesse douairière, que les députés des provinces arrivent en foule pour la reconnaître en qualité de Gouvernante, et que tout se passe tranquillement, et, quoiqu'on s'aperçoive qu'il y ait beaucoup de mécontentement intérieur et que bien des gens regrettent les fers qu'on s'est forgés soi-même, en rendant le stathoudérat héréditaire, que cependant presque tout le monde se laisse entraîner par le courant. La Douairière vient de choisir et de nommer elle-même son conseil privé, qui est composé des mêmes personnes que ci-devant; elle doit avoir déclaré qu'elle suivrait en tout le système de feu Prince son mari, les deux Bentinck ont le plus d'autorité, et milord Holdernesse fait tout pour les maintenir, comme ceux à qui le roi d'Angleterre a le plus de confiance. L'on veut qu'il y ait un mariage proposé entre la jeune princesse Caroline et le prince héréditaire de Wolfenbüttel et que milord Holdernesse doive être chargé d'insinuer à la Douairière qu'à l'exemple du Roi son père, et eu égard à l'âge mineur de ses enfants, elle doive songer d'abord [à] une régence affidée pour l'administration de la tutelle, en cas qu'elle vînt à mourir pendant leur minorité, pour assurer la succession et perpétuer à jamais l'autorité de Stathouder. Qu'au surplus milord Holdernesse se donnait tous les mouvements pour obtenir l'accession de la République au traité de Pétersbourg, et qu'il y avait des gens qui soutenaient que sa négociation sur cet article était assez avancée.
Je vous communique tout ceci, afin de vous mettre sur la voie de vous en orienter et de vous informer si ce qu'on a reçu de nouvelles en Angleterre, est conforme à celles-ci.
Au reste, vous continuerez d'appliquer votre attention pour pénétrer avec autant d'exactitude qu'il sera possible ce que l'on voudra traiter de matières pendant le séjour futur du roi d'Angleterre à Hanovre.
Federic.
Nach dem Concept.
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