5203. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

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Lord Marschall berichtet, Fontainebleau 4. November, dass ihm der schwedische Gesandte unter der Bedingung vollster Verschwiegenheit, auch in Ansehung des Grafen Tyrconnell, eröffnet habe: „Qu'il venait de voir quelqu'un dont les sentiments sur les affaires de ce pays sont d'un grand poids. Que cette personne était instruite de la démarche que j'avais faite par ordre de Votre Majesté532-2 auprès du ministère français par rapport à l'élection d'un roi des Romains, ce que le baron de Scheffer ne pouvait savoir que par lui, ni lui que par les ministres de France. Ladite personne pense, que toute la conduite de la France dans cette importante affaire dépendrait de la manière dont Votre Majesté S'expliquerait en conséquence de la réponse qui m'a été donnée par M. de Saint-Contest.532-3 Qu'il était donc à souhaiter que Votre Majesté voulût Se déterminer sur le parti le plus ferme et le plus vigoureux, en assurant qu'Elle était résolue de persister dans Son opposition à l'élection et de plutôt tout hasarder que la permettre sans le consentement et la convenance de tous les Électeurs, et que, si Votre Majesté prenait ce parti, il en résulterait que la France, de peur d'être entraînée dans un

Potsdam, 20 novembre 1751.

Milord. Les dépêches que vous m'avez faites du 4 et du 7 de ce mois, me sont heureusement parvenues à la fois. Je suis charmé d'apprendre que vous avez tout sujet de vous louer des égards que les ministres de France vous marquent, et de la façon confidente dont ils en usent envers vous; aussi suis-je parfaitement assuré que de votre part il ne sera rien omis de ce qu'il faudra pour cultiver et cimenter cette confiance et amitié entre vous et ce ministère.

J'applaudis parfaitement à toutes les réponses sages et aux réflexions judicieuses que vous avez faites à M. le baron de Scheffer, quand il vous a entretenu sur les confidences que quelqu'un d'importance lui a faites relativement à l'affaire d'élection d'un roi des Romains. Vous pouvez assurer

guerre qu'elle ne désire point, ferait tous les efforts et employerait tout l'argent qu'il faudrait pour gagner les électeurs de Bavière et de Trêves, ce que la même personne croit aisé, en y mettant les alliés de la France, qui, ayant par là la pluralité dans le Collège Electoral, serait maîtresse du temps de l'élection et des conditions auxquelles le roi des Romains serait élu, ce que la même personne regarde comme l'objet le plus important que Votre Majesté puisse avoir en vue, puisque, y ayant peu de probabilité de faire sortir la dignité impériale de la maison d'Autriche, il ne reste qu'à limiter l'autorité de l'Empereur contre les abus d'une pareille hérédité.

J'ai répondu au baron de Scheffer que j'informerais Votre Majesté de ce qu'il me disait, mais que je craignais fort que les desseins de cette personne ne pussent être d'engager Votre Majesté dans une démarche d'où Elle ne pourrait pas sortir avec dignité, sans entrer d'abord dans une guerre, si on manquait à gagner les deux électeurs, guerre que je ne croyais pas que la France fût en état d'entreprendre et de soutenir vigoureusement, par le mauvais état de ses finances et le mécontentement général qui paraît dans la nation.

Le baron de Scheffer me répondit là-dessus que la personne en question était si bien intentionnée pour le succès des affaires en général qu'elle ne voudrait tendre un piège à Votre Majesté... Le baron de Scheffer a encore appris par la même personne que le ministre de France auprès de l'électeur de Cologne a ordre de sa cour de proposer à l'Électeur les conditions auxquelles on pourrait consentir au choix d'un roi des Romains; il doit offrir à l'Électeur ces propositions comme de lui-même et lui insinuer d'en faire ouverture à Votre Majesté. Le baron de Scheffer assure les avoir vues.

Je lui ai fait remarquer que ce détour de finesse envers un allié tel que Votre Majesté était encore un motif à me rendre suspect l'avis que la personne en question venait de lui communiquer... Je vois que le baron de Scheffer est d'opinion que la guerre est inévitable dans trois ou quatre ans et qu'alors les ennemis de Votre Majesté et de la France seront mieux préparés. Je ne l'ai point

audit ministre combien je lui savais tout le gré imaginable de ce qu'il s'en était expliqué si cordialement envers vous, et qu'il saurait fermement compter que je lui en garderais un secret inviolable envers qui que ce puisse être. II y a une chose que j'aurais souhaitée encore, c'est qu'il vous eût nommé la personne qui lui avait fait ces ouvertures, afin qu'on eût été à même de juger du but qu'elle avait eu en tout ceci. Pour ce qui regarde l'affaire même, il faut bien que je vous dise que, si parfois les ministres de France marquent de la vivacité dans une affaire et qu'ils paraissent se déterminer à des résolutions vigoureuses, le plus souvent ils s'y ralentissent bientôt. Que d'ailleurs, selon moi, il ne paraît pas qu'il y aura de grands et importants avantages à tirer de l'Impératrice-Reine au sujet de l'affaire de l'élection, vu que cette Princesse n'est du tout intentionnée de donner la moindre chose du sien à cet égard, mais qu'elle en rejette tout le fardeau et tout ce qui y est d'onéreux sur le roi d'Angleterre, en déclarant que, comme c'était lui qui avait proposé et commencé l'affaire, ce serait aussi à lui de s'en démêler et de la finir à ses frais. Au surplus, dans les conjonctures présentes où se trouvent les grandes affaires de l'Europe, je suis du sentiment que ce serait une mauvaise politique que de commencer une guerre pour en éviter une; qu'il était très connu aux ministres de France la manière dont j'avais pensé sur l'affaire de l'élection, dès qu'elle avait été mise en mouvement, et-la

contredit sur la probabilité qu'il en serait ainsi, mais je lui ai cependant fait sentir qu'un changement dans le ministère de Russie ou la mort du roi d'Angleterre pourraient y causer des obstacles insurmontables et déranger leurs projets. Je lui ai fait remarquer en outre qu'il me paraissait bien extraordinaire et presque incroyable que la France, sachant qu'elle a à gagner les électeurs de Bavière et de Trêves, l'aurait négligé jusqu'à présent et qu'elle aurait besoin d'y être poussée par Votre Majesté. Il m'a répondu que la France appréhendait que Votre Majesté ne devienne par là l'arbitre absolu de cette affaire en Allemagne.“

France doit être persuadée que je serais jamais incapable de la trahir par ma voix électorale, si elle savait gagner les voix de Bavière et de Trêves, pour avoir la majorité des voix des Électeurs, afin d'en disposer selon sa convenance. Mais dans la situation où sont actuellement les affaires, il me paraissait cependant que la gloire de la France, son honneur et le mien demandaient que nous tinssions ferme à ce que l'Électeur palatin eût, avant toute chose, et avant que nous condescendions à rien, une juste satisfaction sur les prétentions qu'il a à la charge de la maison d'Autriche, ce qui me paraît d'autant plus raisonnable parceque les cours de Londres et de Vienne ont fait des convenances à toutes les cours électorales qui se sont attachées à ce sujet, et qu'il faudrait pour autant de raison que le seul Électeur qui s'est tenu invariablement attaché à nous, eût aussi de la satisfaction sur ses justes prétentions.

Voilà ma façon de penser sur cette affaire et les arguments dont vous pourrez vous servir auprès les ministres de France, tant pour les faire connaître à eux, que pour les prier de me communiquer leurs sentiments, s'ils en ont qui sont différents, pour que je sache m'expliquer avec eux, et pour les convaincre que je ne veux jamais les engager dans des choses qui sauraient conduire à quelque guerre, à moins que le cas ne la demandât absolument.

Au reste, il y a encore une petite commission dont je voudrais bien vous charger; c'est qu'on m'a parlé fort avantageusement d'un certain abbé à Paris, nommé de Gua, de l'Académie Française, sur le grand savoir et expérience qu'il doit avoir pour faire nettoyer et rendre navigables les rivières. Comme je souhaiterais bien de me servir pour quelque temps de cet abbé à cet usage, vous lui parlerez, afin de le sonder s'il voulait bien résoudre à venir ici, pour que je l'en sache consulter; que je lui tiendrai compte des frais de son voyage et que d'ailleurs, si son invention réussissait ici, je lui donnerais une pension honnête sur des bénéfices ecclésiastiques qui sont à ma collation. Vous observerez que c'est un certain nommé Mitra à Paris qui est en intimité avec le susdit abbé et qui est très connu du valet de chambre que feu baron Le Chambrier a eu en son service, et que c'est celui-ci qui vous pourra amener ledit Mitra pour vous dire des nouvelles de l'abbé de Gua, et qui le saura introduire auprès de vous. J'attendrai à son temps le rapport que vous me ferez immédiatement sur ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.

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532-2 Vergl. S. 480.

532-3 Vergl. S. 515.