5247. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Berlin, 19 décembre 1751.

Le sieur Pezold agit en conformité des ordres de sa cour, quand il prône l'innocence du traité de subsides que celle-ci a contracté avec l'Angleterre, et quand il proteste qu'il n'y a point d'articles secrets à ce traité. Je sais cependant positivement qu'il y en a deux; en conséquence de l'un, le roi de Pologne s'est engagé de donner simplement et sans réservations sa voix électorale, quand il s'agira de l'élection d'un roi des Romains, en faveur de l'archiduc Joseph, et qu'il ne permettra pas qu'il soit question de l'unanimité, ni que les Princes de l'Empire soient consultés sur la question an; et l'autre, que le roi d'Angleterre disposera librement du corps de troupes auxiliaires de 6,000 hommes stipulé dans le traité, quand et où bon lui semblera.

Au surplus, je suis informé que l'accession de la Saxe au traité de Pétersbourg fait entre les deux cours impériales en 1746 n'est pas encore parvenue à sa consistance, et que la cour de Dresde a voulu stipuler trois articles, savoir que les deux cours garantissent la succession à la couronne de Pologne à la famille électorale de Saxe, qu'il y aurait un double mariage conclu entre les deux familles de Saxe et de Vienne, et qu'en dernier lieu il serait pris pour un cas d'alliance, quand je<567> voudrais employer des moyens efficaces pour soutenir les prétentions de mes sujets créanciers de la Steuer saxonne, en cas qu'ils ne fussent point satisfaits, et que les deux cours impériales et surtout celle de Vienne l'assisteraient alors de toutes ses forces contre moi; mais que ces trois articles avaient été rejetés tout-à-fait des deux cours impériales. Au reste, je veux que vous deviez ménager soigneusement ces avis, qui ne doivent servir que pour votre direction seule.567-1

Quoique je m'attende d'apprendre bientôt par vous la conclusion du traité entre les cours de Vienne, de Madrid et de Turin, je présume cependant que la dernière y mettra tant de chevilles que la France pourra toujours l'en détacher, quand celle-là le trouvera de sa convenance de s'accrocher à elle.

Comme vous n'ignorez pas l'envie que j'ai de me défaire de la baronie de Turnhout dans le Brabant, mandez-moi s'il y a moyen ou non de vendre cette terre à un prix raisonnable à la Reine-Impératrice, pour l'ajouter à ses domaines.

Federic.

Nach dem Concept.



567-1 Vergl. S. 539.