du parti royal sont contre la France … Le président de la chancellerie [Hcepken], m'ayant parlé il y a quelques jours de ces malheureuses brouilleries, rejeta toute la faute de la méfiance du Roi contre le Sénat sur quelques mauvais conseillers, qui avaient son oreille, nommément le baron Ungern; il me prie, lorsque j'aurais occasion de parler à la Reine, que je voulusse de temps en temps lui faire remarquer quelques traits de son caractère, et, pour m'y engager davantage, il me dit confidemment qu'au Comité Secret, lorsqu'il s'était agi du changement, le baron Ungern avait été d'avis qu'on ne devait pas lier les mains au Roi à ce sujet, mais l'autoriser d'agir selon les circonstances, et que par là il ne visait, quoique finement, qu'à saper les fondements des alliances [avec la France et la Prusse]. J'ai cru ne devoir pas me refuser entièrement à la demande du président, quelque désagréable que fût une pareille commission … Sa Majesté m'écouta avec beaucoup d'attention, et me répondit ensuite qu'on en voulait au baron Ungern, parcequ'il travaillait pour le service du Roi et parcequ'il souffrait impatiemment le trop grand pouvoir du Sénat; qu'on avait tort de le soupçonner de projets tendants à la souveraineté; qu'avec une franchise qui lui faisait honneur, il avait déclaré à Leurs Majestés elles-mêmes que, loin d'y donner les mains, il serait le premier qui s'y opposerait; mais qu'il était insupportable, aussi, d'être sous le joug du Sénat, qu'il fallait assigner des bornes à son pouvoir et donner à l'autorité du Roi ce qui lui était dû légitimement.“ | comme il n'y a rien à changer làdessus, aussi longtemps qu'il n'y aura pas moyen de réconcilier ou de rapprocher au moins les partis, il faut bien qu'il s'accommode au temps et aux circonstances. Je ne désapprouve point les insinuations que vous avez faites à la Reine, ma sœur, au sujet du baron Ungern, en conséquence des instances du président de la chancellerie, et je commence à croire que ce sont les deux cours impériales qui par leurs créatures et leurs menées secrètes soufflent au feu des dissensions, qui à mon grand regret s'augmente là de jour en jour, pour parvenir par là à leurs vues, dont je vous ai informé il y a quelque temps.1 Et, comme le baron de Ungern a passé depuis tout temps de pencher pour la Russie,2 il se peut que, sous l'apparence de servir le Roi, il ne cherche que de brouiller les cartes et attiser le feu de la désunion; ainsi que je souhaiterais bien que la Reine, ma sœur, fût un peu en garde sur ceci et qu'elle modérât un peu sa vivacité, afin de pouvoir d'autant mieux pénétrer les vues secrètes des différentes gens. D'ailleurs je serais infiniment charmé, si elle ne voulait voir de si près sur quelques démarches du Sénat, surtout quand il ne s'agissait que des objets de moindre importance qui ne valent guère la peine d'être disputés. Il me paraît qu'il vaudrait mieux de dissimuler quelquefois, quand le Sénat ne voudrait goûter toujours des propositions de peu d'importance que le Roi lui faisait, vu que la forme du gouvernement de la Suède est une fois établie pour n'être point despotique, et qu'il faut céder sagement là où l'on ne saurait réussir à son gré. Mon intention est que vous devez faire observer tout cela à la Reine, ma sœur, d'une manière convenable, en la conjurant de ma part |
1 Vergl. Bd. VIII, 571.
2 Vergl. Bd. V, 209. 347.