<194>ment envers M. de Contest dans cette dépêche que vous lui avez communiquée par mon ordre1 relativement à l'affaire de l'élection, et me flatte plutôt que de la manière que je lui ai fait représenter les choses dans leur vrai état, cela aura réveillé son attention là-dessus. Au surplus, je suis bien éloigné de vouloir faire soupçonner l'électeur de Cologne comme si dans le moment présent il saurait nous faire faux bond, et ce que j'ai touché à son sujet dans ma dépêche ci-dessus alléguée, n'a été dans un autre sens que dans celui si le cas existait qu'on brusquât l'élection, en sorte que nous trois Électeurs, moi, le Palatin et celui de Cologne, serions obigés de protester contre; qu'alors, et ce cas supposé, il y aurait à appréhender que le roi d'Angleterre ne trouvât moyens de nous détacher encore l'électeur de Cologne. Aussi ne sais-je pas si M. de Contest ne trouvera mes appréhensions justes, quand il réfléchira qu'il faut toujours de l'argent à ce Prince pour soutenir ses dépenses et qu'en conséquence il ne lui est pas extraordinaire de s'attacher au parti qui en fournit le plus.
Quant à la réforme faite dans les troupes de France, je suis parfaitement confirmé2 à présent, par la liste que vous m'en avez envoyée, que ce n'est qu'une grande bagatelle, mais avec tout cela c'a été toujours dans la crise présente des affaires un assez fâcheux contre-temps dont les ennemis de la France ont su tirer tout le parti possible, en sorte qu'il coûtera de faire revenir les Princes de l'Empire de l'impression qu'il leur a faite.
Mes dernières nouvelles d'Hanovre me marquent qu'on y laissait entrevoir un grand mécontentement contre la cour de Vienne, de manière qu'on disait à tous ceux qui le voudraient entendre qu'on abandonnerait tout le projet de l'élection, à moins que cette cour ne devînt plus raisonnable et ne se désistât de ses demandes outrées et ridicules, et que c'était en conséquence que le roi d'Angleterre avait donné ses ordres au lord Hyndford de se rendre à Hanovre. Il faudra bien voir si l'on y restera dans ces sentiments; mais quoi qu'il en soit, je suis bien aise de vous faire observer que, si le roi d'Angleterre devient plus modéré sur son projet de l'élection, on n'en doit pas croire que c'est en considération de la France et de ce qu'elle a fait faire des déclarations, mais que c'est uniquement la cour de Vienne qui y a contribué par son entêtement de ne vouloir point satisfaire à l'Électeur palatin et ne faire d'ailleurs aucune convenance aux Hollandais par rapport à la barrière.
Pour ce qui regarde l'accession de la Saxe au traité de Pétersbourg, je ne suis pas encore informé de ce qu'il3 contient en substance, mais je voudrais bien garantir à M. de Contest qu'il n'y aura rien stipulé de l'assistance de la Russie pour la continuation de la dignité royale dans la maison de Saxe; article que la Russie n'est plus à même d'accorder à la Saxe, après qu'elle s'est déjà entendue là-dessus avec la
1 Nr. 5529 S. 166.
2 Vergl. S. 178. 185.
3 Le traité d'accession.