Je demande pardon à Votre Majesté de l'énorme longueur de ma lettre. J'ai trouvé le sujet si important et la nécessité de le déduire si indispensable que j'ai répandu mon cœur sans nulle contrainte et en ai confié toutes les pensées à Votre Majesté. Nos intérêts sont les mêmes, nos intentions le sont aussi : nous voulons la paix, et je crois que ce que je propose est le moyen le plus sûr de l'entretenir.
Je suis avec les sentiments de la plus haute estime, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère
Federic.
Nach der Ausfertigung im Archiv des Auswärtigen Ministeriums zu Paris. Eigenhändig.
5625. AU LORD MARÉCHAL D'ECOSSE A FONTAINEBLEAU.
Potsdam, 10 octobre 1752.
Par ma dépêche antérieure je vous ai déjà prévenu que je vous adresserai à la première occasion une lettre pour le roi de France dont je souhaiterais bien que vous sachiez la lui présenter vous-même dans quelque audience particulière et secrète que vous vous préparerez. La voici que je vous envoie par un exprès, afin que vous en agissiez en conséquence de mes ordres, bien entendu qu'il soit de l'usance que, sans choquer le ministère, des personnes de votre caractère en présentent au Roi, car dans ceci il faut bien que vous vous régliez à ce qui est conforme à la coutume, bien que je désirerais toujours que ce fût par vos mains que cette lettre parvînt au Roi immédiatement. Afin que vous sachiez juger aussi vous-même de l'importance de la lettre, je vous en fais communiquer ci-jointe la copie, tant pour vous mettre à même d'entretenir le Roi de ce qui en fait le sujet, que de pouvoir en parler après à M. de Saint-Contest. Et comme les affaires que j'y touche me paraissent de si grande conséquence que je voudrais bien qu'il en fût traité par écrit, vous en ferez un précis vous-même en forme de mémoire, que vous communiquerez à M. de Contest, dès que la lettre sera parvenue au Roi, pour en avoir une réponse pareillement par écrit. Vous observerez qu'en lui rendant ce précis, vous l'accompagnerez de tout ce que vous saurez imaginer de plus poli en compliments de remercîment de ma part sur les bonnes intentions qu'il avait marquées, depuis qu'il était au ministère, pour entretenir l'étroite intelligence ou j'avais la satisfaction de vivre avec la France, et des marques signalées qu'il m'en avait données en toutes les occasions. Au surplus, vous garderez l'exprès porteur de celle-ci pour autant de temps auprès de vous qu'il faut pour me faire parvenir sûrement par son moyen la réponse que vous aurez sur ce sujet important.
J'accuse, au reste, la dépêche que vous m'avez faite du 29 du mois dernier.
Federic.
Nach dem Concept.