5626. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A GRODNO.
Potsdam, 10 octobre 1752.
Votre dépêche du 30 du mois dernier m'a été heureusement rendue. Je n'ai nulle doute que le parti autrichien et anglais ne dût dresser toutes leurs batteries, pour faire consister la Diète, afin de parvenir au grand but où ils visent. Je me persuade néanmoins que par votre sagacité et adresse vous obtiendrez que toutes leurs mesures prises échoueront et que, malgré tous leurs efforts, la Diète sera rompue et leurs espérances rendues vaines par là. La seule différence qu'il y aura alors, sera qu'ils remarqueront peut-être que c'est par vos moyens que la Diète n'est point parvenue à sa consistance et que cet évènement est dérivé de votre part, de sorte que vous ne saurez cacher aussi bien votre jeu que s'ils avaient eu moins d'empressement pour pousser leur pointe. Au surplus, vous tâcherez de faire tout l'usage possible des remuements qu'il y a eu à Constantinople et de la jalousie que la Porte Ottomane fait remarquer pour ne point laisser opprimer la constitution présente de la république de Pologne, ni de faire monter à son trône quelque prince de la maison d'Autriche, afin de fortifier et d'encourager par là vos amis et les partisans de la liberté de la Pologne.
Au surplus, vous ne devez point être embarrassé de trouver des amis qui s'opposeront au projet relativement aux villes en Pologne qui serviraient d'entrepôts aux Polonais pour acheter ce qui voudra passer en Silésie; outre que ce projet serait d'une exécution fort difficile, pour ne pas dire impossible, dans un pays tel que la Pologne, je suis bien persuadé que vous trouverez assez de gens qui s'y opposeront, supposé qu'on le mettrait sur le tapis, ne fût-ce que pour ne point gêner le commerce d'une nation libre et qui ne se fait point prescrire des lois sur une chose qui ne paraît pas de sa convenance.
Au reste, je vous sais tout le gré possible de ce que vous avez désabusé le ministre de France des insinuations captieuses que le comte de Brühl a pensé vouloir lui inspirer sur différents sujets; aussi continuerez-vous de lui faire connaître ce premier ministre tel qu'il est, pour ne pas s'en laisser imposer, ni parvenir [à être] sa dupe.
Federic.
Nach dem Concept.
5627. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 10 octobre 1752.
J'ai été bien fâché d'apprendre des nouvelles aussi fâcheuses que le sont celles que vous me marquez par votre rapport du 29 de septembre dernier, et de voir que la mésintelligence entre la cour et le Sénat va toujours en augmentant, de sorte qu'il est à craindre que