5739. AU SECRÉTAIRE VON DER HELLEN A LA HAYE.
Berlin, 20 janvier 1753.
Vos rapports du 9 et du 12 de ce mois m'ont été bien rendus. Il me fera [plaisir] d'apprendre par vous où j'en serai avec le ministre de Portugal touchant ses bonnes dispositions pour faire constater un traité de commerce entre moi et son souverain;1 aussi continuerezvous d'avoir une attention particulière sur ce sujet et d'en ménager, en attendant, le secret au possible, mais de m'en faire votre rapport seul et immédiatement, dès que vous serez à même de le faire avec précision et avec justesse.
J'ai de la peine à me persuader que le courrier que la cour de Russie a expédié avec des lettres circulaires à ses ministres dans l'étranger, ne leur dût avoir porté d'autres ordres que sur l'accession de la Saxe au traité de Pétersbourg; le sujet ne me paraît pas assez important pour envoyer des circulaires, et la manière dont le sieur de Swart s'est expliqué à ce sujet envers ses maîtres relativement à ces circulaires, me fait soupçonner d'autre dessous des cartes. C'est pourquoi vous vous appliquerez à bien vous orienter sur ce mystère pour m'apprendre ce que vous avez pu en découvrir.
Au surplus, on m'apprend que le 7 de ce mois il est venu passer un courrier anglais à Utrecht qui, à ce qu'on prétend, a porté des ordres à la régence d'Hanovre de rendre tous les régiments complets, de faire remplir les magasins, de pourvoir à bien garnir les arsenaux et de faire d'autres dispositions pour la sûreté du pays, et qu'il avait été enjoint de plus à ce courrier de se rendre ensuite à Pétersbourg par la voie de Lübeck, sans toucher mes territoires. Je voudrais bien savoir si ce qu'on en a débité est vrai, et ce que l'on juge d'ailleurs là où vous êtes d'un envoi aussi singulier que celui-ci. C'est en conséquence que vous me rendrez un service important de vous informer bien sur toutes ces circonstances et d'en pénétrer au mieux le secret, afin que vous sachiez m'en faire un rapport fidèle et bien exact.
Je finis pour vous dire que la nouvelle de l'accession de la Saxe au traité de Pétersbourg ne me paraît pas encore assez avérée, qu'elle saurait exister peut-être en peu de temps, mais que la chose n'a été point amenée au point que vous l'accusez, vu que l'intervalle du temps entre ce qui en a été chipoté avec la cour de Saxe, et celui d'en porter la nouvelle là où vous êtes, me paraît difficilement à combiner. Quant à la garantie que la Saxe doit avoir stipulée de ses alliés, dans le cas qu'en haine de cette accession elle fût attaquée, je ne la regarde que comme une clause usitée dans tous traités d'alliance et pour la plupart sans effet. J'ai d'ailleurs de la peine à m'imaginer qu'on voudrait stipuler dans ce traité d'accession qu'on se déclarerait contre moi si je pressais sur le payement de mes sujets qui en ont à prétendre à
1 Vergl. S. 304.