5362. A LA REINE DE SUÈDE A STOCKHOLM.
Potsdam, 4 mars 1752.
Ma très chère Sœur. Je suis persuadé que vous êtes mieux au fait des intrigues de la Diète que moi qui en suis éloigné de deux cents milles. Je crois et il est assez apparent que les bruits répandus sur la Russie1 ont été divulgués avec précipitation; mais, ma chère sœur, vous ne trouverez pas mauvais ni plus ni moins que je vous exhorte toujours à la concorde et que je vous rappelle la nécessité qu'il y a de réunir tous les esprits, de céder chacun quelque chose de son côté, pour se rapprocher et pour ne faire qu'un corps de toute la nation. Il est sûr qu'il y a bien des choses dans la forme présente du gouvernement de Suède qui gênent le pouvoir royal et même le mettent en compromis avec le Sénat, il est encore certain que le feu Roi s'est trop relâché de ses droits; mais le temps de réformer ce gouvernement n'est pas encore venu, et, pendant qu'il arrive, je crois qu'il est de la bonne politique d'un peu mieux déguiser ses sentiments.
Je fais mille vœux pour que votre Diète finisse bientôt,2 afin que vous puissiez jouir tranquillement et sans tant de gêne de votre dignité; je souhaite en même temps de n'apprendre que de bonnes nouvelles de votre santé et de votre satisfaction, vous assurant, ma chère sœur, qu'on ne saurait être avec plus de tendresse que je ne suis, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur
Federic.
Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.
5363. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.
Potsdam, 7 mars 1752.
Quoiqu'il soit bien fâcheux que le Sénat de Suède pousse à l'outrance ses droits et prérogatives contre le Roi et que des disputes de nulle importance comme celles que vous touchez dans votre dernier rapport du 14 du mois passé, servent à nourrir et à augmenter les aigreurs qu'il y a entre le Roi et le Sénat, cependant l'on ne peut pas disconvenir que c'est par le choix et par l'élection des États de Suède que le Roi est parvenu à la dignité royale et qu'on a réglé avec lui, par une capitulation, les conditions auxquelles il doit s'assujettir, et qu'en bonne conséquence il n'aurait fallu point accepter ces conditions et renoncer à l'élection, ou, après l'avoir acceptée, se conformer à la loi qu'on s'est imposée et observer la forme présente de gouvernement telle qu'elle est établie. Voilà ma façon de penser, que je vous n'explique cependant que pour votre direction seule.
Federic.
Nach dent Concept.
1 Vergl. S. 21. 25. 55.
2 Vergl. S. 53.