5288. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.
Berlin, 22 janvier 1752.
J'ai reçu presque en même temps les dépêches que vous m'avez faites du 28 dernier et des 3, 7 et 14 de ce mois. J'avoue que je suis un peu surpris des réponses sèches et superficielles que vous avez reçues depuis quelque temps des ministres français, quand vous leur avez fait de ma part des ouvertures confidentes12-1 sur des affaires de la dernière importance, comme il y en a plusieurs que je leur ai fait faire depuis peu. Ordinairement les ministres d'autres cours écoutent avec attention de pareilles ouvertures, entrent dans le détail des affaires et en épluchent toutes les circonstances; au lieu que les réponses que vous m'avez marquées jusqu'à présent, ont été bien légères, laconiques et d'un ton décisif, sans que je puisse remarquer qu'on soit entré dans les détails nécessaires avec vous là-dessus. Ainsi donc, je souhaite fort d'avoir votre explication à ce sujet et quel peut être proprement le motif de ce qu'on agit d'une manière si étrange envers vous.
Pour ce qui regarde l'affaire de l'Association relativement à l'élection d'un roi des Romains,12-2 je suis assez content de la proposition qu'on vous a faite de la part des ministres français, savoir que nous devions accorder simplement ce que nous ne pourrions plus empêcher, mais qu'il faut que nous soutenions au moins au possible les intérêts de l'Électeur palatin. Quant aux autres conditions, comme elles m'importent peu, elles me seront assez indifférentes. Ce que je ne vous dis cependant que préalablement, en me réservant de m'expliquer encore plus en détail là-dessus par le post-scriptum qui vous parviendra, l'ordinaire prochaine, du département des affaires étrangères.
Quant au projet de la cour de Vienne pour placer le prince Charles de Lorraine sur le trône de Pologne, quand il viendra à vaquer, je me réfère à la dépêche que vous aurez à la suite de celle-ci du départe<13>ment des affaires étrangères, mais si la cour de France désire d'avoir plus d'éclaircissements là-dessus, elle les aura plutôt à Dresde qu'à quelque autre part, pourvu qu'on veuille là agir confidemment avec elle.
Je ne suis point pressé sur l'affaire de la comtesse de Bentinck;13-1 si la cour de Danemark ne la veut point finir, je n'en serai du tout embarrassé et la laisserai telle qu'elle est à présent, et peut-être l'oubliera-t-on tout-à-fait avec le temps.
La négociation du sieur de Dewitz à Vienne est encore dans les mêmes termes où elle a été, parceque le ministère autrichien reste toujours dans son sentiment, malgré toutes les raisons solides qu'on lui a opposées, et tâche plutôt de faire de nouvelles propositions tout étrangères au but principal de la négociation.
Je suis très fâché des particularités que vous me marquez au sujet de M. de Saint-Contest; je crains que, quand on sera une fois en France dans le goût de changer de ministres, on n'en revienne pas si tôt, et les affaires en souffriront.
Comme le temps s'approche que le roi d'Angleterre ira faire le voyage à Hanovre, auquel le jour doit être fixé au 28 du mois d'avril prochain, dites à M. de Saint-Contest s'il ne convenait pas que la France envoyât pendant le séjour du roi d'Angleterre à Hanovre quelque ministre, pour observer au moins ce qui s'y traite.
Au reste, vous réitérez vos instances au père Pérussault, confesseur du Roi, afin qu'il m'aidât à avoir les professeurs Jésuites que je lui ai demandés pour Breslau. Je me chargerai toujours des frais du voyage qu'ils feront pour y aller.
Federic.
Nach dem Concept.
12-1 Vergl. Bd. VIII, 556. 566. 568. 577.
12-2 Vergl. Bd. VIII, 562.
13-1 Vergl. S. 10 Anm. 2.