5532. AU PRINCE FERDINAND DE BRUNSWICK A POTSDAM.
[Potsdam, juillet 1752].
Monsieur mon Cousin. Comme en conséquence de la lettre que vous m'avez faite,170-1 M. le Duc, votre frère, demande votre avis si la notification qui se fera par une lettre de chancellerie du mariage de Sa Majesté la reine de Danemark,170-2 voudrait mieux être rendue par le colonel Imhoff, ou si elle me saurait être envoyée par la poste ordinaire, je serai bien aise que Votre Altesse lui marquât qu'il me suffirait que cette lettre de la chancellerie me fût seulement envoyée par la poste, vu que cette voie serait le moins à charge à M. le Duc et lui épargnerait bien d'autres embarras que l'envoi d'un exprès saurait demander.
Quant au parti qu'on destine à la Princesse fille aînée170-3 de M. le Duc avec le prince de Galles, sensible que je suis de la confiance qu'il m'en a fait faire par Votre Altesse, je veux bien m'expliquer là-dessus avec cette amitié et ouverture de cœur dont j'agis en toute occasion envers le Duc, indépendamment de toute politique. Selon moi donc, je ne saurais qu'applaudir à un tel parti à faire, puisque certainement il serait le plus avantageux qui dans le moment présent saurait être contracté pour ma nièce; mais pour ce qui regarde ce double mariage qu'on prétend faire,170-4 je ne saurais juger s'il convient à M. le Duc d'avoir dans sa maison une princesse d'Angleterre, et s'il n'aura pas à craindre bien des tracasseries dans sa famille, qui en ont été jusqu'à présent presque inséparables.
C'est aussi pourquoi je dois suspendre mon jugement et abandonne à la pénétration de M. le Duc la manière dont il voudra se décider là-dessus. Mais supposé qu'il penchât pour ce double mariage et qu'il n'y trouvât aucun inconvénient, j'estime qu'alors il saurait bien en suspendre la consommation jusqu'au temps qu'il lui convenait, car personne ne saurait obliger le Duc de marier le Prince son fils, avant qu'il ne le trouve à propos.
Mais, si d'un autre côté le Duc aimait mieux de décliner ce mariage, il y aura toujours deux prétextes qui sauraient l'y aider …: l'un de soutenir qu'il y avait déjà un engagement pris par rapport au Prince son fils, ou l'autre de vouloir stipuler au contrat de mariage que la dot qu'on arrangerait fût payée d'abord et même du jour des noces.
Votre Altesse ajoutera, s'il Lui plaît, les assurances les plus fortes au Duc combien je m'intéresserai toujours à tout ce qui peut intéresser le bonheur et l'avantage de sa maison, ne désirant rien avec plus d'ardeur que les établissements les plus distingués de sa famille.
<171>Je suis avec ces sentiments d'estime que vous me connaissez, Monsieur mon Cousin, votre bon et très affectionné cousin
Federic.
Nach dem Concept.
170-1 D. d. Sanssouci 19 juillet 1752.
170-2 Vergl. S. 134.
170-3 Prinzessin Sophie Karoline Marie, geb. 8. October 1737.
170-4 Ausser der Vermählung der braunschweigischen Prinzessin mit dem Prinzen von Wales (geb. 4. Juni 1738) wurde von hannöverischer Seite eine Verbindung zwischen dem Erbprinzen Karl Wilhelm Ferdinand von Braunschweig und einer der Schwestern des Prinzen von Wales in Anregung gebracht.