5631. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE MALTZAHN A GRODNO.

Potsdam, 14 octobre 1752.

Le rapport que vous m'avez fait du 3 de ce mois, m'est heureusement arrivé. Il faut bien que je me remette simplement sur les moyens les plus convenables et les plus efficaces que vous choisirez pour rompre la Diète présente, qui me seront tout indifférents, pourvu seulement que la Diète ne subsiste et soit rompue, en quoi je me fie absolument sur votre savoir-faire et que vous vous servirez des expédients qu'il faut pour réussir à souhait et pour ne point être la dupe des gens qui par un système tout opposé au mien et à la bonne cause voudraient effectuer le contraire. Enfin, dans un pays tout neuf encore pour vous, il faut bien que vous redoubliez de soins et d'attention pour ne pas manquer votre coup.

Ce que vous avez répondu en conséquence de votre susdit rapport au comte de Brühl relativement aux affaires de la Steuer de Saxe, a été parfaitement conforme à ma façon de penser là-dessus, aussi vous y applaudis-je parfaitement et vous ordonne qu'au cas que le comte de Brühl revienne encore de vous parler sur une médiation de la France, sur ce sujet, vous lui disiez qu'il n'y avait nulle question de médiation dans des affaires qui étaient claires et constatées, et, comme l'article de la paix de Dresde était clair et nullement équivoque à ce sujet, je m'y tiendrais et ne m'en départirais en aucune façon.

Federic.

<241>

P. S.

Venant de recevoir encore votre dépêche du 5 courant, je veux vous dire encore que, si le chevalier [Williams]241-1 vient d'être accrédité comme ambassadeur auprès de la République, il n'est pas à douter que cela ne vise qu'à préparer de plus en plus les affaires pour réaliser le projet fait entre les deux cours impériales en faveur du prince Charles de Lorraine, auquel but j'attribue encore les mouvements extraordinaires qu'il se donne auprès de la Diète. Expliquez tout ceci bien à M. de Broglie et servez-vous-en pour lui faire comprendre qu'en voulant ménager la cour de Saxe jusqu'à ne vouloir contribuer de sa part à rompre bientôt la Diète, il travaillera même contre les intérêts de la maison royale de France. Au surplus, l'anecdote que vous trouverez, dans le rescrit ordinaire d'aujourd'hui du département touchant les vues secrètes personnelles du comte de Broglie,241-2 fait que je suis d'avis que vous marchiez un peu à pas mesurés avec lui et que vous ne lui confiiez pas tout-à-fait votre dernier secret. Aussi quand vous verrez qu'il ne voudra pas marcher droit, il faut que vous vous chargiez seul à faire rompre la Diète, en quoi je crois que le palatin de Belcz et son parti vous pourront bien servir.

Nach dem Concept.



241-1 Ergänzt aus Maltzahn's Bericht vom 5. October.

241-2 Die auf den Grafen Broglie bezügliche Stelle des Ministerialerlasses vom 14. October lautet : „Je ne conçois pas sur quoi l'ambassadeur de France peut fonder la grande sécurité qu'il manifeste … et la prévention d'être toujours à même de rompre cette assemblée, dès qu'il le jugera nécessaire. Après tout, sa façon de penser me surprend beaucoup moins, depuis que j'ai appris de fort bon lieu que le plan de ce ministre est de faire fortune par la faveur de la Dauphine, ce qui le met dans la nécessité d'avoir des complaisances et des ménagements pour la cour de Dresde et de sacrifier les intérêts de la Pologne à ceux de la Saxe.“