5637. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.

Potsdam, 17 octobre 1752.

Votre rapport du 7 de ce mois m'a été bien rendu. Comme il m'est entré depuis peu un avis de Pétersbourg suivant lequel il doit être un mécontentement universel parmi la nation russienne par rapport à un plan qui doit être remis au Sénat et que la cour paraissait vouloir soutenir absolument, en conséquence duquel le prix du sel doit être haussé jusqu'à 70 copeks au-dessus du prix ordinaire par poud, ou 33 livres de Hollande, au profit de l'Impératrice, et que d'ailleurs chaque famille de la nation doit être obligée de se pourvoir d'une cer<245>taine quantité de sel par an, selon la répartition qui en sera faite, chose qui doit révolter extrêmement tous les esprits de la nation, de sorte qu'on en appréhende des suites très fâcheuses, en cas que la cour s'obstine à vouloir réaliser ce plan — j'ai bien voulu vous informer de cette nouvelle, pour que vous soyez à même de vous éclairer là-dessus, supposé qu'il en soit parvenu des particularités à Vienne.

Au surplus, ma curiosité est de savoir si la Reine-Impératrice reste déterminée à vouloir donner au comte de Kaunitz la charge de grandchancelier, malgré les efforts que le baron de Bartenstein fait pour l'en détourner, et quelles en sauraient être alors les suites; si vous croyez que la mésintelligence se mettra entre le comte de Kaunitz et le baron de Bartenstein; si elle pourra influer alors sur le Conseil de l'Impératrice; si elle en pourra être plus indécise dans les affaires et si la dissension se mettra dans le Conseil, en sorte qu'il saurait être partagé en factions ou partis. Vous ne laisserez pas de réfléchir bien sur tout ceci et de m'en marquer votre sentiment et ce que vous en conjecturez.

Federic.

Nach dem Concept.