5657. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE HÆSELER A COPENHAGUE.
Potsdam, 4 novembre 1752.
Les dépêches que vous m'avez faites du 24 et du 28 du mois dernier, m'ont été bien rendues, sur lesquelles je suis bien aise de vous faire observer qu'il ne faut pas que vous croyiez la cour de Danemark aussi importante comme si c'était elle qui gouvernait ou décidait les grandes affaires de l'Europe; car jusqu'à présent nous ne l'envisageons point comme telle, quelque considération que nous ayons d'ailleurs pour elle et pour son amitié. Quant à l'ostentation qu'elle a faite par les Mouvements de quelques-unes de ses troupes par rapport à ses démêlés<258> dans le pays de Holstein, j'ai été bien éloigné de prendre le moindre ombrage là-dessus, car quiconque connaît la cour de Danemark, est assez persuadé que, selon sa situation présente, elle ne voudra ni ne pourra commencer quelque affaire d'éclat.
Au surplus, ce que le baron de Scheffer258-1 doit avoir dit que le ministre Bernstorff avait fort bien justifié sa conduite touchant l'affaire de Landskrona,258-2 ne doit point vous embarrasser, car comme il y a deux partis en Suède, l'un pour et l'autre contre la cour, et que le baron de Scheffer est du parti dernier, tout comme le comte Lieven s'est attaché à la cour, il ne faut point trouver étrange que le baron de Scheffer ait applaudi à la justification du ministre de Bernstorff, pour décréditer le comte de Lieven, auteur connu du plan de fortifier la ville de Landskrona.
Au reste, vous ne devez point vous laisser intimider mal à propos au point de ne pas vouloir présenter au baron de Bernstorff le précis des droits des villes de la Poméranie Ultérieure dans le péage du Sund; car comme ses brouilleries ne nous regardent point directement, je ne vois aucune bonne raison qui vous dût empêcher à lui communiquer ce précis, en conséquence des ordres que je vous ai donnés à ce sujet.
Federic.
Nach dem Concept.
258-1 Vergl. S. 251.
258-2 Vergl. S. 154. 243.