5742. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A VIENNE.
Berlin, 20 janvier 1753.
J'ai bien reçu votre rapport du 10 de ce mois et me remets, pour ce qui regarde l'affaire par rapport à l'Électeur palatin, à la dépêche ordinaire à la suite de celle-ci.
Comme il y a des lettres de Hollande qui me marquent que le 7 de ce mois il était passé à Utrecht un courrier anglais allant à Hanovre pour y porter des ordres à la régence de rendre tous les regiments complets, de faire remplir les magasins, de pourvoir à bien garnir les arsenaux et de faire d'autres dispositions pour la sûreté du pays, j'ai bien voulu vous communiquer cette nouvelle dont j'ai tout lieu d'être étonné, pour que vous vous appliquiez à sonder là où vous êtes si la même nouvelle y est parvenue et, dans ce cas-là, quelle saurait être la raison de ce remuement à Hanovre, dont je ne comprends absolument rien. On ajoute encore dans cet avis que ce courrier dût se rendre ensuite à Pétersbourg par la voie de Lübeck, et que ses ordres étaient de ne point passer sur les terres de Prusse.
Au reste, je vous renvoie, sur d'autres particularités encore, au postscriptum que je fais joindre à cette lettre et que je serais bien aise que vous le déchiffriez vous-même selon le chiffre immédiat.
Federic.
P. S.
Je viens d'apprendre, par un canal tout-à-fait sûr,317-1 que le comte Brühl s'est donné tous les mouvements imaginables, depuis le temps de la dernière Diète de Grodno, à faire envisager aux cours amies de Saxe et principalement à celle de Russie combien j'avais de projets d'agrandissement et de desseins pernicieux; qu'il s'était servi du prétexte à ce sujet du différend qui existe entre moi et la cour de Dresde relativement à la prérogative qui a été stipulée dans la paix de Dresde en faveur de mes sujets, créanciers de la Steuer de Saxe, et que celle-ci a chicanée depuis quelque temps. Il voudrait traiter cette prérogative de dure et de mal fondée, c'est pourquoi il a insisté principalement à la cour de Russie qu'elle employât promptement sa médiation dans cette affaire en conformité des engagements qu'il y avait entre les deux cours, et qu'elle s'engageât à quoi l'alliance l'obligeait en cas que j'entreprendrais effectivement quelque chose contre la Saxe, auquel sujet il avait fait faire par le ministre de Saxe à Pétersbourg les représentations les plus pressantes pour qu'on y réfléchisse sérieusement et qu'on prévienne les insultes auxquelles la Saxe devait s'attendre de ma part, et, comme il y avait toute correspondance interrompue pour le présent entre ma cour et celle de Pétersbourg, celle-ci devait ordonner à tous ses ministres dans l'étranger de déclarer, conjointement avec ceux des<318> cours de Vienne et de Londres, à mes ministres accrédités aux cours étrangères que l'Impératrice ne regarderait jamais d'un œil indifférent de pareilles voies de fait, au cas que j'en voulusse entreprendre, et qu'elle prêterait plutôt à la Saxe l'assistance la plus forte. Enfin, l'on me marque que le susdit ministre Brühl avait fait faire de pareilles instances auprès des cours de Vienne et de Londres. Voilà une anecdote que j'ai bien voulu vous communiquer dans le dernier secret, et à condition expresse de n'en rien toucher dans vos rapports ordinaires. J'espère d'être à même de pouvoir vous apprendre par la première ordinaire la suite de tout ceci.
Nach dem Concept.
317-1 Vergl. S. 316 Anm. 1.