5907. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

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Lord Marschall von Schottland berichtet, Paris 7. Mai:436-3 „Mon ami qui portera le chiffre de celle-ci, est entièrement dans la confidence du parti, un homme d'honneur et un bon citoyen qui n'entrera comme tel dans aucune affaire, étant riche de ses biens de famille. Je ne lui ai pas laissé savoir que Votre Majesté était déjà prévenue de son

Potsdam, 29 mai 1753.

J'ai bien reçu votre rapport du 18 de ce mois et suis bien aise que la France est en tout du même sentiment que moi dans tout ce qui regarde les mauvais procédés du roi d'Angleterre relativement à

voyage. Je lui ai fait croire que c'était une idée de ma tête pour tâcher de voir par mon frère si Votre Majesté voudrait l'écouter, et cela pour vous laisser une pleine liberté de faire comme il vous plaira, sans vous commettre en rien, parceque mon ami parlera avec franchise à mon frère, qui vous dira ce qui se passe; et, si Voire Majesté veut l'écouter lui-même, je La supplie de lui laisser toujours ignorer que vous saviez déjà par moi sa mission, pour qu'il ne se plaigne pas de moi. Il me paraît que le mécontentement en Angleterre est si grand à l'heure qu'il est que peu de chose renverserait le gouvernement; mais ce peu de chose n'est pas facile à ajuster. Un certain projet qu'il dira, me paraît chimérique; je crois même que, sans avoir gagné une partie des troupes, ce serait folie de rien entreprendre sans secours étranger. Le secours étranger, dont peu suffirait, ne peut jamais s'espérer, selon moi, que de quatre endroits, de Votre Majesté, de la Suède, de la France ou de l'Espagne. Votre Majesté n'a point de vaisseaux, cependant je ne crois pas cela le plus grand obstacle, le petit nombre qui suffirait pouvant se trouver sous divers prétextes de commerce. Mais je n'oserais conseiller à Votre Majesté de rien entreprendre sans être assurée d'être soutenue de la France contre les alliés du roi d'Angleterre. Je ne crois pas que la France y entrerait, la même difficulté se trouvant pour la Suède, la forme de son gouvernement l'en empêcherait et î'animosité des partis. Les Français sont regardés par le peuple en Angleterre comme ses ennemis naturels, et je doute que la France ait jamais voulu de bonne foi du bien à la maison de Stuart. Les Espagnols sont bien situés et leurs armements pour l'Amérique leur donnent de grandes facilités, mais leurs engagements avec les cours de Vienne et de Turin les gênent et les mettent hors de ieu à présent. Les deux principales personnes en Angleterre dans le secret, outre Dawkins, sont le docteur King, homme d'esprit, vif, agissant, et milord Westmoreland, homme sage, prudent, d'une bonne tête, bon citoyen, respecté et respectable, Vous pourrez toujours vous fier à leurs sentiments, comme ils se fieront aux

l'affaire de l'Ostfrise; aussi ai-je été charmé de la manière ferme avec laquelle M. de Saint-Contest s'est expliqué là-dessus et des fortes assurances qu'il vous a données de l'appui et de l'assistance de la France, si jamais la cour de Vienne ou celle de Dresde voulussent se prêter aux desseins du roi d'Angleterre de me dépouiller de l'Ostfrise. Vous en remercierez M. de Contest dans les termes les plus polis et les plus affectueux de ma part et lui ferez observer que je ne croyais pas que le roi d'Angleterre voudrait dans le moment présent rompre ouvertement, pour exécuter ses iniques desseins; mais qu'il saurait bien arriver, ou qu'il chercherait à faire valoir sa frivole prétention à l'occasion d'une guerre élevée pour d'autres sujets, et dans laquelle la France et moi serions mêlés, ou quand il croirait avoir toute la supériorité sur moi pour pouvoir, lui et ses alliés, m'attaquer impunément, sous prétexte de vouloir exécuter une sentence prononcée contre moi du Conseil Aulique à Vienne.

Au reste, mes lettres de Vienne continuent d'être assez intéressantes pour mériter de l'attention, et il est très vraisemblable que le changement que la Reine-Impératrice a fait dans son ministère, ne me sera guère favorable, ni à la France. L'on croit le comte de Kaunitz être chaudement dans les idées du roi d'Angleterre et fort imbu du système que la cour de Vienne fallait se lier étroitement avec les Puissances maritimes; aussi marquet-on que les ministres anglais, Keith et Williams, ne le quittent presque

vôtres; mais ils ne se confieraient pas aisément à ceux d'aucun prince. S'ils avaient quelque chose à communiquer à Votre Majesté dans la suite, ils enverront un homme de confiance ou se serviront de mon canal. Le prince Edouard ne sait' pas tant de ceci que Dawkins. Sa situation, jointe à une intrépidité qui ne lui permet jamais de douter de ce qu'il souhaite, fait qu'il faut que les autres forment les projets pour lui, qu'il est toujours prêt d'entreprendre. Je n'ai point de correspondance directe avec lui, ni n'ai voulu savoir où il se cache; mais j'en suis informé par d'autres.“

pas,438-1 pour effectuer par lui que la cour de Vienne s'arrange avec la Saxe et la Russie, afin de lier si bien la partie pour tous les évènements qui pourraient se présenter en Europe, afin d'en être les arbitres et de donner le ton. Ce que vous ne laisserez pas de faire glisser dans les entretiens que vous aurez avec M. de Saint-Contest, et de l'accompagner de toutes les réflexions nécessaires sur la nécessité de veiller de bien près sur la conduite de la cour de Vienne et les desseins du roi d'Angleterre, plus que par le passé.

Federic.

P. S.

Vous pouvez compter que je me suis dirigé avec notre homme en conséquence de votre lettre du 7 que je n'ai été à même de lire que depuis trois jours.

J'ai trouvé l'affaire dont il s'agit n'être pas encore bien digérée, vu qu'il n'y a point encore un plan juste et général formé. C'est pourquoi j'estime qu'en attendant que cela se puisse faire, il faudrait inspirer à ces gens de grossir le nombre de leurs partisans et de se former surtout un parti dans l'armée et principalement parmi la flotte; sans cela toute entrepise échouera.

Pour moi, il sera de mes intérêts d'entretenir ces gens dans leur dessein sous main et sans y être remarqué; car vous conviendrez qu'il serait hors de saison dans la situation présente des affaires de l'Europe de me déclarer ouvertement. Si l'évènement arrivait bientôt que le trône viendrait vacant, il y a toute apparence que sous une régence l'entreprise bien conduite succèderait.

Nach dem Concept.



436-3 Vergl. das Postscriptum des Königlichen Immediaterlasses.

438-1 Vergl. S. 433.