5919. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

[Potsdam], 16 [juin 1753].

Je suis toujours en reste envers vous, Milord; vous vous donnez des peines pour finir des tracasseries qui, quoique de peu d'importance dans le fond, ne laissent pas que d'être désagréables.445-3 J'ai fait rendre au poète sa croix et sa clef, et il a remis un billet par lequel il promet de me rendre mon livre; après cela je n'ai plus rien à démêler avec lui et je l'abandonne à sa destinée, libre à lui de faire toutes les folies et tout ce que lui en dira sa faconde.

Le bailli de Froullay est arrivé, je le verrai demain; tous ceux qui ont fait sa connaissance à Berlin, en disent tout le bien imaginable. C'est encore un de ces gens de la vieille cour qui en conservent la politesse et la douceur; je souhaiterais que, si quelque jour le roi de France envoyait quelque ministre ici, on voulût faire le choix d'un homme de<446> cette espèce. Milord Tyrconnell avait de l'esprit, mais il était méchant, ce qui nuit fort à la sûreté du commerce.446-1 Valory était le plus honnête homme du monde, mais la politesse n'était pas son fort. La Chétardie était aimable en société, il aurait été bon ministre, s'il avait eu l'esprit net, mais ses relations étaient inintelligibles. Tout cela me fait juger que l'espèce d'hommes aimables et de mérite sont rares partout, et qu'il faut les estimer, quand on les a. Je n'ose pas vous dire ce que je pense sur votre sujet, pour ne point révolter votre modestie ; mais je ne puis m'empêcher de vous assurer que je suis avec toute l'estime possible votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



445-3 Vergl. S. 430.

446-1 Der König schreibt an Darget, August 1752: „La Touche est arrivé ici (vergl. oben S. 178); il nous convient infiniment mieux que le milord. Dieu me le pardonne, j'ai une aversion pour la gent anglaise dont je ne saurais me corriger, ce sont les iniquités du monarque qui rejaillissent sur son peuple.“ Œuvres de Frédéric le Grand, XX, 35.