5938. AU LORD MARÉCHAL D'ÉCOSSE A PARIS.

[Potsdam], 28 [juin 1753].

Je vous envoie, Milord, une lettre pour Darget460-1 avec son congé. Je ne suis pas aussi difficile qu'on le croit sur l'article des congés; il n'y a que dans le militaire où de bonnes raisons obligent de conserver de vieux soldats et de ne point former des officiers pour ses ennemis.

Il est arrivé à Francfort une aventure qui m'a fait de la peine. J'avais écrit à mon résident460-2 de redemander à Voltaire la croix, la clef et un livre qu'il avait.460-3 Il l'a fait, mais il s'en est acquitté avec une exactitude brutale qui n'est pas de mon goût, et j'écris à présent pour redresser le passé.

Pour moi, qui n'aime pas les prêtres, vous pouvez bien croire que je ne balance pas entre eux et le Parlement;460-4 je souhaiterais pourtant, par l'attachement que j'ai pour le roi de France, que cette affaire finît bientôt. Je prends à présent les eaux d'Éger, ce qui m'empêche, Milord, de vous dire autres choses sinon que vous aurez toute votre vie en moi un bon et fidèle ami.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig. In dorso von der Hand des Empfängers: „Du Roy, juin 28 1753.“



460-1 Vergl. Œuvres de Frédéric le Grand, XX, 41.

460-2 Freytag.

460-3 Vergl. S. 396 Anm. 1; 445.

460-4 Vergl. S. 431.