De pareilles réflexions et bien d'autres mûrement pesées m'ont obligé à me conformer à la coutume des Princes, l'histoire du siècle fournit des exemples suffisants pour justifier ma conduite, et j'ose avancer que lorsque l'on examinera tout les mauvais procédés la fausseté, la Duplicité et la perfidie de mes voisins l'on trouvera que j'ai encore agi avec assez de générosité envers Eux, et que l'usage qui a entraîné mon esprit, n'a pas corrompu mon coeur.
Mais ce n'est point ici de moi que je dois parler, les objets que je dois présenter à la postérité sont plus grands et plus intéressants que cequi regarde mon individu, de plus il ne s'agit point ici, d'un traité de morale, mais de faits historiques, et la réputation des Princes ne pouvant être appréciée que par ceux qui n'ont nulle Intérêt à les natter ni aucune crainte en les blâmant, je vais leur exposer tous les motifs de mes actions, et me remettre en suite à la rigidité de leur Jugement.
[Mémoires du roy de P un mois avant son avenemen a la couronne].
Lorsque l'on considère avec des yeux politiques la situation des Etats prussiens, on remarquera sans peine qu'ils ne sont pas arrangés heureusement pour l'ofensive; sa longueur setant sur 180 milles d'allemagnes voisins de la russie par memel entrecoupés de la pologne limitrophe des Etats de lempereur du coté de Crosen de la saxe par lelectorat de Brandenbourg, et leveché de Magdebourg, de la suède par la pomeranie entrecoupés du pais d'hanover; des Etats de l'électeur de Cologne et enfin voisin des hollandois par le pais de cleves, qu'aurait on pu entreprendre dans cette situation sur le Duché au cas que la succession vint avacquer de Bergue ayant ados l'empereur gouverné par la france lelecteur de saxe qui pretendoit egallement à cette succession la suède dont la france pouvait disposer, et voisin du hanover, qui epioit loccasion d'humilier la prasse par la jalousie héréditaire entre ces cours, et par des reste d'animositez qui subsistoient ce(?) depuis les brouilleries que le feu Boy avoit eu avec le Roy de la grande Bretagne son beau frère; on rencontrait de plus en flanc les hollandois dont l'esprit republiquain ne saccomodoit point de lacquisition que la prusse pouvoit faire du duché de Bergues, et enfin en face on trouvoit lobstacle le plus difficile a surmonter savoir les forces de la monarchie française.
Cette cour avoit garentie la succession de Jullier au prince de Sulhbach d'une brauche colateralle pour engager par cette démarche l'électeur palatin a rester neutre pendant la guerre qui commença lannée 1732; la politique française aimoit mieux voir toute les places du Rhin et les passages pour entrer dans l'empire entre les mains des petits princes dont ils pouvoient disposer qu'entre celles des plus puissants avec lesquels il faudroit combattre pour franchir cette barrière de l'allemagne.
L'empereur pour rompre totalement avec le feu Roy sur l'article de cette garentie avoit fait enfermer le Comte de Sekendorf parqui la négociation de cette garentie avoit passée, on luy ota tous les papiers par lesquels il pouvoit legitimer sa démarche et cela même etoit bien luy donner un démentir autentique: on verra facilement par ce tableau que jetois obligé de m'en tenir à l'accord du feu Pioy touchant cette succession cequi ne satisfesoit ni mon internst ny mon ambition.