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Mais la plus importante de ses créations historiques est assurément son grand tableau du Couronnement à Koenigsberg, oeuvre de méditation et de force, plus remarquable par l'intensité expressive des figures prises dans leur caractère individuel que par l'aspect de l'ensemble, qui est d'un coloris un peu âpre. Le Couronnement à Koenigsberg, exécuté pour une commande officielle, est, en effet, une réunion de portraits qui ont toute la valeur d'un document d'histoire. L'artiste y a fait figurer les personnages les plus marquants de la Prusse contemporaine. L'ensemble des études et esquisses faites sur nature, à l'aquarelle et à la gouache, de tous ces personnages, saisis au vif dans les attitudes qui leur ont été conservées dans le tableau, a été acquis par le Musée de Berlin. M. Menzel n'a rien fait de plus réellement puissant et de plus personnel que cette suite de portraits.

Nous avouons cependant nos préférences pour le peintre de la vie moderne, de la vie de tous les jours, pour le peintre épris de vérité contemporaine; c'est le Menzel de la dernière manière. C'est celui que nous avons vu représenté à l'Exposition du Pavillon des Tuileries, organisée à Paris en 1885, celui de la Forge et du Souper au bal, deux toiles maîtresses dans la peinture du XIXe siècle.

La Forge est un morceau d'une beauté accomplie, que relève encore l'extrême simplicité des colorations et la sobriété de la facture, qui laisse à la charpente du dessin toute sa valeur, toute sa solidité. Des noirs profonds, des gris transparents, quelques lueurs incandescentes dans la gamme des rouges orangés : tel est le grand parti sobre et puissant sur lequel le peintre a construit cet admirable tableau de vie active. Le titre de la Forge a prévalu, mais c'est sous celui de l'Usine qu'il a été d'abord exposé. Il date de 1875. Il a figuré à l'Exposition universelle de 1878, où il fit l'étonnement de tous les artistes. Le public n'y prit pas garde. Il est aujourd'hui un des plus beaux ornements de la Galerie nationale de Berlin. Lorsque nous l'avons revu il nous a semblé que les années avaient encore ajouté à la plénitude de la facture, à l'énergie des formes en mouvement, à la mâle franchise et à l'unité de l'effet, à la fuite des plans dans cette atmosphère chargée, vibrante, traversée de lumières obliques.

„Les feux des fourneaux et le jour pâle du dehors, voilé par une buée de vapeurs, se combattent dans l'antre sombre et confus où des bras, des têtes, des corps, des roues, des tringles, des charpentes entremêlent