zoologiques: un éléphant, des chameaux, des cygnes, un casoar, des pigeons, des aras, des paons, des cerfs, des ours, des lions, des tigres; tout cela vivant sous les regards de la foule désoeuvrée, dans les gaîtés du plein air.
D'autres enfin, trop peu nombreuses, nous montrent le Menzel paysagiste, toujours intéressant, quelquefois paysagiste supérieur, comme dans cette exquise Vue de Gastein, de 1874, où chaque accent semble imprégné de fraîcheur, de lumière et de transparence. Tout y est exquis: la verdure des jardins où s'épanouit un monde de fleurs et de plantes, les clôtures en haie vive, les maisons et le haut clocher sombres sous leur toiture d'ardoise, les montagnes bleutées aux flancs desquelles traînent encore les brouillards du matin, l'air limpide, l'atmosphère reposée des Alpes aux derniers jours de l'été.
Mais c'est surtout par ses dessins qu'il prend sans effort sa place parmi les artistes les plus remarquables de ce siècle. M. Menzel semble n'être complètement à l'aise que le crayon à la main. Il porte toujours avec lui une sorte de block-notes, dont la dimension ne varie guère om 12 sur om 20 environ, sur lequel, avec la méthode et la précision d'un physiologiste, il recueille au jour le jour les documents qui sollicitent sans relâche son oeil, en quête de recherches et d'observations nouvelles. Le produit de ce labeur incessant forme une gigantesque collection que M. Menzel conserve avec un soin jaloux et où il trouve, comme dans une mine inépuisable, les matériaux avec lesquels il construit ses tableaux.
Si toutes les peintures de M. Menzel venaient à disparaître, ses dessins suffiraient à nous donner la mesure complète de sa puissante individualité. Ce qu'il a enfermé ainsi dans ses cartons de pensées et de sensations dépasse tout ce que l'on peut imaginer. C'est une profusion inouïe de renseignements, de notes prises au jour le jour, qui parlent le langage le plus vif, le plus expressif. Il y a dans l'atelier de la Sigismund-Strasse, à Berlin, dans des centaines de portefeuilles, des milliers de dessins qui tous ont leur signification, leur intérêt. L'artiste en tient le répertoire dans sa mémoire: tout s'y retrouve à l'heure dite.
Deux qualifications me viennent à l'esprit devant l'oeuvre dessinée d'Adolphe Menzel: l'universalité et la sincérité.
Rien n'échappe à la curiosité fiévreuse de l'artiste, rien ne le laisse indifférent. Muni de son album de poche, il se promène à travers la comédie