<53>A ce tableau de la cavalerie telle qu'elle est et doit être, Menzel ajoute l'image du cavalier brave et malheureux que le combat a mis hors de service. Son cheval a été blessé à une jambe de derrière, et lui-même a été atteint non moins grièvement à la jambe gauche. Il s'est assis sur le sol, à l'endroit même où vient de passer une furieuse charge de cavalerie; il a jeté à côté de lui sa grande botte, qu'il a coupée et arrachée de sa jambe blessée. Il a l'air aussi abandonné que le pauvre cheval qui se tient sur trois jambes, levant en l'air le pied blessé. Cet épisode se rapporte à la mauvaise expérience faite par la cavalerie prussienne à Kunnersdorf, malgré les instructions qu'elle avait reçues.
CLXXXVIII.
Dans la dissertation de Frédéric II sur la meilleure construction possible des diverses espèces de camps, certains chapitres ont trait à l'emploi de chaque espèce de troupes pour la protection du camp. La tâche que le roi assigne aux hussards est de battre le pays pour recueillir des informations et donner avis du moindre mouvement de l'armée ennemie. La vignette de Menzel montre des hussards en patrouille, parcourant la pleine autour d'un camp. Un de ces cavaliers a fait une découverte qui n'est pas prévue dans la dissertation royale: il a rencontré un malheureux dessinateur qui, armé de sa lunette d'approche, de son portefeuille et de son crayon, s'occupait, du sommet de la hauteur la plus voisine, à esquisser la vue du camp et des scènes de la vie militaire. Devant le „Quos ego“ du hussard, qui le menace de son pistolet, l'artiste prend la fuite en criant, et avec une telle hâte, qu'il en perd sa perruque, qui glisse de son crâne chauve.
CLXXXIX.
Un certain mécontentement, à l'égard de divers chefs de l'armée, perce visiblement à travers les lignes de l'instruction de Frédéric II sur les „Règles de ce qu'on exige d'un bon commandant de bataillon en temps de guerre“ . On y lit entre autres choses: „Il ne faut point qu'un commandant de bataillon soit intimidé de se trouver dans une place de guerre. C'est, pour un homme qui n'est ni paresseux, ni lâche, mais qui se sent de l'ambition, une occasion de se distinguer et, par conséquent, de faire fortune .... Mais la longue paix dont nous jouissons“