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Entre temps, il publie des planches demandées par des éditeurs de lithographies: les Cinq Sens (1835), le Pater (1837), et des diplômes pour des corporations.

De 1837 à 1839, il expose ses premières toiles, parmi lesquelles la Consultation de Droit et celle qu'il avait intitulée: Audiatur et altera pars. M. Pietsch, l'historiographe d'Adolphe Menzel, constate une analogie dans les colorations et le sentiment de cette toile avec l'aspect de certains tableaux anglais, comme ceux de Pettie. L'intelligence de l'art s'y marque déjà pénétrante et forte dans le sens de la réalité et de l'observation attentive du geste et de la physionomie.

En 1839, il est chargé, par les éditeurs Weber et Lorck, d'illustrer l'Histoire populaire de Frédéric le Grand. Nous avons indiqué précédemment l'importance de cet ouvrage qui fonda la réputation artistique de M. Menzel et qui ressuscita la gravure sur bois en Allemagne. A partir de ce moment, le grand illustrateur ira toujours en s'élevant à chaque nouvelle oeuvre, élargissant sans cesse son style, son dessin, sa compréhension de la vie, sa connaissance de l'histoire, serrant de plus près le réel et se rapprochant peu à peu de la vérité contemporaine, dans ses caractères les plus expressifs, les plus accentés, les plus aigus. Ce sont, les Héros de la paix et de la guerre, au temps de Frédéric et les grandes planches de la Germania; ce sont enfin les illustrations pour les Oeuvres de Frédéric le Grand et celles plus récentes pour la Cruche cassée, de Henri de Kleist. Dans toutes ces productions M. Menzel se montre non seulement réaliste puissant et âpre, mais encore il révèle une imagination pleine de fantaisie et un don incomparable d'évocation. La Cruche cassée est un chef-d'oeuvre au sens absolu du mot; l'art moderne de l'illustration n'a rien produit de plus admirable.

C'est à juste titre que M. Menzel a été surnommé „le peintre de Frédéric II“ . La majeure partie, pour ne pas dire la totalité, des sujets historiques qu'il a traités en peinture se rapportent au règne de ce grand roi. Tels sont, pour ne citer que les oeuvres principales: la Table ronde à Sans-Souci (1850), le Concert de flûte (1852), actuellement au Musée de Berlin, Frédéric le Grand en voyage (1854), le fameux tableau de la Nuit de Hochkirch (1856), exposé en 1867 à Paris, puis l'Entrevue de Frédéric et de Joseph II et la Visite de Frédéric-Guillaume à une école de village (1857).