CXVIII.

Les Euménides à la chevelure de serpents envahissent d'une course effrénée le bosquet de lauriers consacré à Apollon, en brandissant des torches enflammées; les feuilles des lauriers tombent et jonchent le sol, et le dieu, avec les Muses, s'enfuit devant ces figures hideuses. „Crois-tu, d'Argens“ , écrit, de Landshut, le royal poète:

Crois-tu que, sous nos étendards,
Parmi le carnage et les armes
Et l'énorme fracas d'un camp,
Les Grâces prodiguent leurs charmes
Et daignent m'inspirer leurs chants?

Vois ces augustes fugitives
Timides, errantes, craintives.
Leurs pas se détournent de nous,
Pour se fixer sur cette rive
Où la paix habite avec vous.

Vois ici, de meurtres avides,
L'œil enflammé, de rang en rang,
Les implacables Euménides
Se baigner dans des flots de sang.