<100>Environ dans ce temps, Frédéric-Guillaume entra en possession du duché de Magdebourg, qui fut à jamais incorporé à l'électorat de Brandebourg, après la mort du dernier administrateur, qui était un prince de la maison de Saxe.
L'Électeur eut depuis, comme directeur du cercle de Westphalie, la commission impériale de protéger les états de l'Ost-Frise contre leur prince, qui les chicanait sur leurs priviléges; et comme il avait le droit de succession éventuelle sur cette principauté, il profita de cette occasion pour mettre garnison brandebourgeoise à Gretsyhl, et il établit à Emden une compagnie de négociants, qui commercèrent en Guinée et y bâtirent le Grand-Friedrichsbourg.
Ces petits progrès n'étaient pas comparables à ceux de Louis XIV : ce monarque avait fait de la paix un temps de conquêtes; il avait établi des chambres de réunion qui, par l'examen d'anciennes chartes et d'anciens documents, lui adjugeaient des villes et des seigneuries, dont il se mettait en possession, sous prétexte que c'était originairement des fiefs ou des dépendances de la préfecture de Strasbourg et de l'Alsace.
L'Empire, épuisé par une longue guerre, se contenta d'en faire par écrit des reproches à Louis XIV; mais l'Électeur, qui n'avait point été compris dans la paix de Nimègue, refusa de signer cette lettre, et conclut une alliance avec l'électeur de Saxe et le duc de Hanovre, pour le maintien de la paix de Westphalie et de Saint-Germain.
Louis XIV, qui ne voulait point être troublé par l'Empereur ni par l'Empire dans ses conquêtes pacifiques, fit jouer des ressorts en Orient, qui ne tardèrent pas à mettre Léopold dans des embarras extrêmes. Il s'en fallait de deux ans que la trêve que les Infidèles avaient faite avec les Chrétiens,24 ne fût écoulée : cependant les Turcs, appelés par les protestants de Hongrie, qui s'étaient révoltés contre la
24 Après la bataille de Saint-Gotthard.