<116> toujours battu, fécond en ressources, et vigilant à réparer ses pertes, c'était l'hydre de la fable qui se reproduisait sans cesse; il était aussi respecté de ses ennemis après ses défaites, que Louis XIV l'était après ses victoires.

Il eut une entrevue avec l'Électeur, au sujet des intérêts politiques du temps : le caractère de chacun de ces deux princes était trop différent, pour qu'il résultât quelque chose d'important de leurs délibérations. Guillaume était froid, simple dans ses mœurs, et rempli de choses solides : Frédéric III était impatient, préoccupé de sa grandeur, réglant ses moindres actions sur l'exact compas du cérémonial et sur les nuances des dignités; un fauteuil et une chaise à dos pensèrent brouiller ces princes pour jamais. Cependant quinze mille Brandebourgeois joignirent l'armée de Flandre, que le roi Guillaume commandait, et l'Électeur envoya un autre secours considérable à l'Empereur contre les Infidèles; ces troupes se distinguèrent à la bataille de Salankemen, que le prince Eugènea gagna sur les Turcs. Le roi Guillaume, ou moins heureux ou moins habile, perdit en Flandre les batailles de Leuse et de Landen.

Le duc Ernest-Auguste de Hanovre, beau-père de Frédéric III, fournit de son côté à l'Empereur un corps de six mille hommes, pour la guerre de Hongrie; et, en récompense de ce secours, il obtint la dignité électorale. La création de ce neuvième électorat rencontra beaucoup d'oppositions dans l'Empire : il ne se trouva que les électeurs de Brandebourg et de Saxe qui l'appuyèrent; mais l'Empereur qui avait besoin de secours réels, ne crut pas les acheter trop cher en les payant par des titres frivoles.

Il semblait que cette époque favorisât l'ambition des princes de l'Europe : à peu près dans le même temps que le prince d'Orange mit la couronne d'Angleterre sur sa tête, Ernest, duc de Hanovre, devint électeur; Auguste, électeur de Saxe, se frayait le chemin au trône


a Le margrave Louis de Baden.